Tunisie : début de transition dans une grande confusion
Une première journée sans Ben Ali.
_ Au lendemain de la fuite du président déchu qui a mis le cap sur l’Arabie-Saoudite, le président tunisien par intérim a prêté serment. En vertu de l’article 57 de la Constitution tunisienne, qui fixe les règles en cas de "vacance définitive du pouvoir", c’est donc le président de la Chambre des députés, Fouad Mebazaâ, qui a pris les rênes. Charge à lui d’organiser de nouvelles élections dans les 60 jours.
Fouad Mebazaâ a confié au Premier ministre Mohamed Ghannouchi, compagnon de route de Ben Ali de plus de 10 ans, le soin de former un gouvernement d’union nationale, et d’appeler à l’apaisement dans sa première intervention télévisée. Ce gouvernement sera constitué après consultation de tous les partis politiques de Tunisie, "sans exception ni exclusion", a promis le président par intérim. L'on devrait en savoir plus dès dimanche
_ Aussitôt, depuis Londres où il vit en exil, le chef du parti islamiste tunisien Ennhadha, Rached Ghannouchi, a annoncé qu’il préparait son retour dans son pays.
Le président par intérim, un vétéran de l’appareil dirigeant tunisien âgé de 77 ans, a également appelé la population au calme, lui demandant d’"assister l’armée et les forces de sécurité à restaurer la loi et l’ordre".
Pillages
L’annonce du départ de Ben Ali n’a pas calmé la rue. Au petit matin, les Tunisois ont découvert un spectacle de désolation : voitures volées abandonnées dans les rues, boutiques et résidences de luxe incendiées et pillées, gare centrale incendie… Tunis et ses banlieues étaient en proie à la peur des pillards après une nuit de troubles, en dépit du couvre-feu.
Des tirs sporadiques ont été entendus dans la journée à Tunis, tandis que des hélicoptères survolaient la ville. La population des quartiers a commencé à s’organiser en milices pour résister aux pillards.
Dans le centre-est du pays, quelque 42 prisonniers ont péri dans l’incendie d’une prison à Monastir.
A la tombée de la nuit, le calme est revenu avec l’entrée en vigueur du couvre-feu. Seules l’armée et la police quadrillent les rues. Les cafés sont déserts.
Gilles Halais, avec agences
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