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Tunisie : Ben Ali accusé d’avoir semé, et d’orchestrer, le chaos

Avec l’arrestation de deux proches de Ben Ali, la thèse de la responsabilité du président déchu dans le climat d’exactions et d’insécurité se renforce. De véritables combats opposent maintenant dans le centre de Tunis des miliciens armés par Ben Ali, aux forces loyales aux nouvelles autorités de transition. En début de soirée, l'armée a donné l'assaut du palais présidentiel, toujours tenu par les miliciens.
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actualisé à 20h30

Jusqu’à présent, les miliciens armés par Ben Ali se contentaient de semer la terreur la nuit dans les rues en dépit du couvre-feu, à Tunis et dans plusieurs villes du pays. Ils multipliaient les pillages et les violences à l’encontre des Tunisiens.
_ Un cap a désormais été franchi : de véritables combats ont opposé dans l’après-midi pendant plusieurs heures, les miliciens armés et retranchés dans des immeubles, aux forces loyales aux nouvelles autorités de transition. Des échanges de tirs nourris, dans les faubourgs de Tunis et dans plusieurs villes de province. Deux snippers ont été abattus par l'armée aux abords du ministère de l'Intérieur.

Dans la soirée, l'armée a donné l'assaut au palais présidentiel à Carthage, dans la banlieue nord de Tunis, où se sont retranchés des miliciens restés fidèles au président déchu.

Pour la première fois, la justice tunisienne a mis en cause un proche du président déchu, le général Ali Seriati, accusé d’être responsable des récentes exactions commises par des hommes armés – le militaire a été interpellé alors qu’il tentait de fuir en Libye. Des exactions auxquelles aurait participé un neveu de l’ancien dirigeant, qui a lui aussi été arrêté.

Favoriser le retour de Ben Ali

Ces éléments confortent de nombreux témoignages recueillis ces derniers jours, qui attribuent à des membres de l’appareil sécuritaire de Ben Ali la responsabilité des pillages et des exactions. Les forces restées fidèles au dictateur chercheraient à créer le chaos, pour favoriser le retour de Ben Ali, qui reviendrait en sauveur d’un pays à la dérive.
_ Il faut se souvenir que la sécurité présidentielle avait la haute main sur les autres forces de sécurité, et qu’elle était particulièrement redoutée par la population. Ces milliers d’hommes ont tant de choses à se reprocher qu’ils ne sont pas pressés de passer la main au pouvoir de transition.

Face aux pillages et aux violences, des comités de vigiles ont été mis en place. Ils organisent des ronds pour protéger les habitants, d’abord de manière spontanée, puis à l’appel de l’Union générale tunisienne du travail, le syndicat unique.

Sur le plan politique, les consultations se sont poursuivies aujourd'hui avec les différents partis. La composition du gouvernement de transition et d'unité nationale devrait être annoncée lundi.

Gilles Halais, avec agences

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