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Tunisie : 7 ans de prison pour avoir publié des caricatures de Mahomet sur Facebook

Deux hommes ont été condamnés pour avoir publié des "dessins du prophète nu" et "diffamé des personnalités tunisiennes". C'est la plus lourde peine pour "atteinte à la morale" depuis la révolution.

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
  (LIONEL BONAVENTURE / AFP)

Deux jeunes hommes de Mahdia, à 200 km au sud de Tunis, ont été condamnés fin mars à sept ans de prison pour avoir publié des caricatures du prophète Mahomet sur Facebook, a confirmé jeudi 5 avril le ministère de la Justice tunisien. "Ils ont été condamnés pour atteinte à la morale, diffamation et trouble à l'ordre public", a déclaré un porte-parole du ministère, précisant que les deux hommes avaient posté "des dessins représentant le prophète nu" et "diffamé des personnalités tunisiennes". Les avocats de la défense ont interjeté appel.

L'un des deux jeunes a été incarcéré. L'autre, qui ne s'est pas présenté au tribunal, a été condamné par contumace. Indignée par ce jugement, la militante des droits de l'homme Bochra Bel Haj Hmida a alerté la présidence de la République. "C'est une peine beaucoup trop lourde. (...) Ce sont deux jeunes diplômés qui se croyaient libres de se dire athées et se pensaient protégés sur Facebook." Début mars, une plainte avait été déposée par deux habitants de Mahdia, dont un avocat, selon la blogueuse Olfa Riahi. "Avant, personne ne s'intéressait à ce qui se passait sur Facebook", résume Bochra Bel Haj Hmida. 

Une peine sans précédent en Tunisie

Les poursuites judiciaires pour "atteinte à la morale" ou aux "valeurs du sacré" se sont multipliées en Tunisie depuis la révolution, mais c'est la première fois qu'une condamnation aussi lourde est prononcée.

D'autres affaires sont toujours en cours ou doivent être rejugées : le procès du directeur de la télévision privée Nessma, poursuivi pour avoir diffusé un film jugé blasphématoire, doit reprendre le 19 avril. L'affaire de l'agence tunisienne de l'internet, sommée par la justice de censurer l'accès à des sites pornos, doit être rejugée prochainement. Enfin, le directeur du quotidien Ettounsia a été condamné le 8 mars à 1 000 dinars d'amende (500 euros) après la publication en une d'une photo de nu. Il a fait appel.

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