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Lac Tchad : une réserve d’eau douce, menacée par la désertification

Au cœur de la zone sahélienne, aux confins du Niger, du Tchad, du Cameroun et du Nigéria, le lac Tchad fait vivre plus de 30 millions d’Africains. Une ressource en eau douce, menacée de disparition après des décennies de sécheresse. Des projets très ambitieux pour sauver le lac Tchad existent, mais ils sont souvent contestés. Il faudra au préalable régler les conflits qui frappent la région.
Article rédigé par Michel Lachkar
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Ngouboua (Tchad), le 19 janvier 2015. Chameaux traversant le lac Tchad  (Reuters/Emmanuel Braun)

La guerre dans le nord-est du Nigéria asphyxie l'économie du Tchad. Elle rend difficile les échanges commerciaux, bétail et poissons contre marchandises, qui transitaient traditionnellement par le lac Tchad. Les grandes pirogues sont échouées sur les berges depuis les attaques meurtrières de Boko Haram sur la rive sud du lac. Cet unique réservoir d’eau douce de la région est aujourd’hui menacé. Le lac a  perdu 80% de sa surface en quarante ans. Si son rétrécissement, libère des zones cultivables et d’élevage, il réduit les périmètres de pêche, menace sa biodiversité et son équilibre écologique.

Un réservoir d’eau en zone aride
Le lac Tchad est le vestige d’une mer intérieure qui, il y a plusieurs millénaires, devait couvrir 340.000 km2. Son alimentation en eau était principalement assurée par des cours d’eau, aujourd’hui asséchés, issus des massifs montagneux de l’Aïr, du Tibesti, et de l’Ennedi. Le lac Tchad est une cuvette fermée dotée d’une nappe d’eau peu profonde, ce qui le rend particulièrement vulnérable à l’évaporation et à la sécheresse.
Depuis 1973, la surface du lac a été divisée par 8. Sa taille varie suivant l’importance des pluies et des crues des fleuves Chari et Logone, alimentés depuis la République Centrafricaine et le Cameroun. Comme pour la mer d’Aral, l’approvisionnement naturel en eau ne cesse de diminuer en raison d'un déficit de pluies aggravé par les changements climatiques en cours et d'une irrigation en forte hausse. 
Evolution du lac Tchad au cours de son histoire récente. (AFP)


Un projet pharaonique pour sauver le lac Tchad
Selon des études menées par des cabinets d’ingénieurs internationaux, il est possible de sauver le lac Tchad en transférant une partie des eaux du fleuve Oubangui. Ce fleuve coule en République Centrafricaine mais prend sa source en République Démocratique du Congo. Les travaux consisteraient en la construction d’un canal de plusieurs centaines de kilomètres vers le Chari qui alimente le lac. L’objectif est de maintenir les activités d’irrigation, de pêche, d’élevage et d’accès à l’eau potable.
Le dossier est donc vital pour les cinq pays membres de la Commission du Bassin du Lac Tchad (CBLT), le Cameroun, le Niger, le Nigeria et le Tchad qui sont des pays riverains du lac, ainsi que la République Centrafricaine. La République Démocratique du Congo (RDC) doit également donner son accord puisque l’Oubangui prend sa source sur son territoire. La RDC projette plusieurs barrages hydro-électriques sur le site des chutes d’Inga, qui pourraient réduire le débit du fleuve Oubangui.

Famille de pêcheurs sur le lac Tchad (AFP/Patrick For)


Deux visions s’opposent
 Pour les écologistes, il faut au contraire préserver la nature telle qu’elle est. Selon le puissant WWF il faut éviter les projets pharaoniques avec leurs inévitables effets pervers. On connait encore mal, la complexité hydrologique du lac : son niveau à même augmenté ces deux dernières années en raison de pluies abondantes. Mais la tendance de long terme reste inquiétante avec une possible disparition d’ici 30 ans.
 La guerre au nord du Nigéria, mais aussi en Centrafrique, rend impossible à ce jour un projet aussi ambitieux. Ces grands travaux peuvent être l’occasion de construire une paix régionale durable dans une région déchirée par les conflits.

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