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L'alcool en sachet, un fléau qui s'introduit dans les écoles en Afrique

C’est un fléau qui touche plusieurs pays africains: l’alcool en sachet fait des ravages parmi les couches les plus démunies de la population, y compris en milieu scolaire. La Tanzanie a, à son tour, interdit la vente de ces petits sachets qui contiennent toutes sortes de boissons à forte teneur d'alcool, très prisées par les jeunes.
Article rédigé par Martin Mateso
France Télévisions
Publié Mis à jour
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Contrairement à certains hommes d’affaires qui en tirent d’énormes profits, l’interdiction par le gouvernement de la vente d’alcool en sachet a été bien accueillie par les Tanzaniens, en particulier les parents d’élèves et les enseignants. Un phénomène qui n’épargne pas les établissements scolaires du pays.
 
«Facilement dissimulables dans des poches de pantalons ou des sacs d’écoliers, ils entrent facilement dans les salles de classe. Dans certains établissements scolaires, on peut ainsi voir des jeunes élèves sucer, entre deux cours, des sachets de 50 millilitres», rapporte l’AFP.
 
Pour les autorités tanzaniennes, il s’agit non seulement de protéger la santé des jeunes, mais aussi de préserver l’environnement. En effet, quand ils sont vidés de leur contenu, ces sachets sont jetés sur la route, dans les égouts ou sur les terrains vagues.
 


Ils se vendent comme des petits pains
En interdisant la vente d’alcool en sachet à partir du 1er mars 2017, la Tanzanie est venue allonger la liste des pays africains qui ont déjà pris des mesures similaires, comme le Sénégal, le Cameroun, la Côte d’Ivoire, le Rwanda et le Malawi. Dans tous ces pays, l'ampleur du phénomène repose sur un constat : ces sachets d’alcool baptisés «whisky du pauvre» sont très bon marché, un quart de dollar à peine pour certaines marques. Ils se vendent parfois mieux que les sodas.
 
«Avec le sachet à 100 francs CFA (environ 15 centimes d’euro), le consommateur est ivre comme un Polonais», s’inquiétait la radio sénégalaise RFM en février 2013, en pointant une boisson alcoolisée dénommée «Jakarta» accessible aux jeunes écoliers et aux mineurs. Depuis le gouvernement a formellement interdit la vente et la production d’alcool en sachet.
 
«Quand vous buvez ça, ça vous soule direct»
En Côte d’Ivoire, c’est seulement en novembre 2016 que la mesure d’interdiction a été annoncée. Là aussi, les sachets d’alcool étaient vendus par petites doses et à petits prix. Des produits fabriqués de façon frauduleuse sans respecter les normes de dosage. Ils étaient devenus un véritable problème de santé publique.
 
«Quand vous buvez ça, ça vous saoule direct, ça détruit la santé», reconnait un consommateur rencontré en novembre 2016 par la correspondante de RFI dans un maquis d'Abidjan.


La vente d’alcool à la porte des écoles
En Angola, c’est le parti présidentiel, le MPLA (en campagne électorale) qui est monté au créneau début mars 2017 contre la vente d' alcool aux étudiants à la porte des écoles. Avec un avertissement sévère aux commerçants peu scrupuleux «qui tuent les jeunes avec l’alcool et la drogue».
 
«Aux trafiquants, nous allons mener une guerre sans relâche. Ils sentiront la main de fer. Nous arriverons à l’extrême… parce que c’est une race qui doit être éteinte», a martelé Joao Lourenço, candidat du MPLA à la présidence de la République.
 
Mais il faudra plus que des mises en garde pour décourager ceux qui vivent de ce trafic juteux. Cameroon-Info a enquêté sur ce phénomène à Yaoundé où «les whiskies en sachet» font toujours des ravages malgré les mesures d’interdiction prises par les autorités.

Les producteurs avaient jusqu’au 12 septembre 2016 pour écouler leurs stocks et mettre un terme à cette activité. Mais l’assainissement annoncé est resté un vœu pieux, constate le site du journal : « Il n’y a pas de contrôle. Quand bien même certains employés du ministère du Commerce nous approchent, on leur fait savoir que nous ne sommes pas au courant de l’interdiction. Et s’ils insistent, on s’arrange et ils s’en vont», confesse une vendeuse des fameux «sachets de whiskies».
 
«La misère sociale derrière le fléau éthylique»
Sur son blog, la sociologue sénégalaise et diplômée en santé publique Yéble Martine-Blanche Oga-Poupin s’inquiète de l’augmentation de l’alcoolisme juvénile sur le continent.

«Au collège, au lycée, à l’université, un invité surprise a fait irruption : c’est l’alcool. Qu’il s’agisse des fêtes, des rites traditionnels ou modernes, des mariages, ou même de repas en famille ou entre amis, l’alcool coule à flot», observe-t-elle.  
 
 A qui la faute ? Pour elle, «le chômage, la pauvreté, la misère sociale et l’incertitude du lendemain, sont autant de facteurs de risques qui aggravent le fléau éthylique» sur le continent africain.
 

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