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Soudan : l’opposition lance "la troisième vague" de la révolution

La contestation soudanaise appelle à relancer les manifestations contre la junte militaire jusqu’à restitution du pouvoir aux civils.

Article rédigé par Alain Chémali
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Des membres de la Force de soutien rapide du Soudan sont à l'arrière d'une camionnette équipée d'une tourelle de mitrailleuse lors d'un rassemblement dans le village de Qarri, à environ 90 kilomètres au nord de Khartoum, le 15 juin 2019. (- / AFP)

En dépit des difficultés à accéder à internet, le mouvement de contestation soudanais a réussi à faire circuler un appel à une reprise des manifestations nocturnes dans la capitale et partout ailleurs dans le pays, à partir du mardi 18 juin 2019.

Objectif : un pouvoir civil de transition

Sans qu’il s’agisse de revenir à la désobéissance civile, l’Alliance pour la liberté et le changement (ALC), fer de lance du mouvement travaille à remobiliser la population jusqu’à satisfaction des revendications du mouvement : un pouvoir civil de transition et la condamnation du massacre du 3 juin. Date de la dispersion, par tirs à balles réelles et arrestations, du sit-in qui se tenait à Khartoum depuis le 6 avril devant le QG de l’armée. Une opération qui a fait au moins 128 morts et des centaines de blessés selon des témoins et des sources médicales.

Dans son communiqué, l’ALC évoque un programme de "travail populaire et d’escalade révolutionnaire" et un calendrier de manifestations nocturnes et de réunions pour toute la semaine.

(Calendrier de l'escalade révolutionnaire publié sur le compte Facebook de l'Association des professionnels soudanais.)

Une mobilisation qui devrait culminer le jeudi 20 juin lors d'une protestation des professions libérales, des fonctionnaires, des artisans et des ouvriers dans la capitale et en province pour condamner "le massacre du QG" et pour un retour à "la ligne bleue".

L’appel prévoit également la signature par les organisations professionnelles et civiles et par les simples individus d’un "livre de présence révolutionnaire, pour s'engager dans la poursuite de la lutte, de l'organisation et de l'action révolutionnaire pour atteindre l'autorité civile de transition."

Pour Noureddine Babakr, un des dirigeants de l’ALC cité par RFI, le Conseil militaire doit avant toute chose libérer les détenus et accepter la formation d’un comité d’enquête international sur le massacre du 3 juin. "Chaque membre du Conseil militaire fait des déclarations selon ses propres intérêts. Les déclarations sont contradictoires, surtout en ce qui concerne le massacre. Cela ne peut que compliquer les discussions", a-t-il estimé.

Les habitants des quartiers est et sud de Khartoum ont précédé l'appel

De son côté, l’Association des professionnels soudanais, tête pensante de la contestation, a révélé sur sa page facebook, vidéo à l’appui, qu’un certain nombre de quartiers de Khartoum avaient déjà pris de l’avance sur le calendrier.

(Images de la manifestation nocturne du lundi 17 juin 2019 à Mahdiya, rue de la révolution, publiées sur le compte Facebook de l'Association des professionnels soudanais.)

Les habitants sont déjà descendus dans les rues les nuits précédentes jusqu’au petit matin, lançant ce que le mouvement qualifie de "troisième vague" de la révolution soudanaise. "La marche de votre révolution victorieuse dans les villes, villages et campagnes s’organise à nouveau, réaffirmant notre engagement auprès de nos chers martyrs qui ont méprisé la mort et qui vivent désormais éternellement en nous", affirme le communiqué de l’ALC.

"La révolution est flux et reflux, nous nous relevons maintenant pour triompher par notre pacifisme à nouveau. Nous accomplirons indéfectiblement notre tâche pour atteindre notre objectif civil, et il n’est pas loi", a encore martelé le communiqué.

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