Cet article date de plus de douze ans.

Des femmes dans le couloir de la mort au Soudan du Sud

Quatre femmes attendent leur exécution à la prison centrale de Juba, capitale du Soudan du Sud. Cent autres prisonniers sont dans la même situation. Beaucoup n'ont pas eu d'avocat. Dans ce jeune pays, indépendant depuis seulement un an, le système judiciaire est embryonnaire. Il permet pourtant de condamner à mort.
Article rédigé par Jacques Deveaux
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 1min
Des détenus assis dans la cour de la prison de Bentiu, dans l'Etat d'Unity. (Peter Muller Human Rights Watch)

Depuis un an, une femme attend la mort, chaînes aux pieds, dans la prison de Juba. Une audience de cinq minutes a suffi pour la reconnaître coupable du meurtre de son mari. Elle se dit innocente, mais c'était sa parole contre celle de sa belle famille, et elle n'avait pas d'avocat.

Dans cette prison, il y a cent trois condamnés à mort, dont trois autres femmes. Les défenseurs des droits de l'Homme, en particulier Human Rights Watch, craignent que des innocents ne soient exécutés et appellent à la réforme du secteur judiciaire. L'ONG a publié un rapport de cent quatre pages sur la situation judiciaire du pays, après avoir visité des prisons, entendu des condamnés et questionné des fonctionnaires de justice.

Le tiers des 6.000 détenus est en détention provisoire. Aucun crime n'a été retenu contre eux, parfois même aucune charge. Ils attendent juste qu'un juge traite leur dossier. Un détenu accusé de meurtre a déclaré à Human Rights Watch : «Je suis là depuis cinq ans […] et je n'ai jamais vu un juge. Le procureur général ne connaît pas la loi. Les policiers ne connaissent pas la loi.»

A la détention arbitraire, s'ajoute également des conditions inhumaines d'emprisonnement. Des prisonniers sont enchaînés toute la journée. L'eau et la nourriture manquent et les batiments sont délabrés.

Reportage exclusif de l'AFP Vidéo, mis en ligne le 1er novembre 2012.

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