Somalie : un haut commandant shebab tué par une frappe américaine
Les Etats-Unis poursuivent "leur guerre sans fin" contre les shebab somaliens. Un de leurs dirigeants, Bashir Mohamed Mahamoud, a été tué par un drone dans le sud de la Somalie, a-t-on appris le 8 mars 2020 auprès du commandement américain pour l'Afrique.
Bashir Mohamed Mahamoud, alias Bashir Qorgab, tué par un drône américain, faisait partie du conseil dirigeant de l'insurrection shebab depuis la fin 2008, selon le département d'Etat américain. Le commandement américain pour l’Afrique (Africom) le soupçonne d'avoir été impliqué dans la planification d'une attaque perpétrée début janvier 2020 contre une base américano-kényane du sud-est du Kenya, qui avait fait trois victimes américaines.
"La frappe aérienne qui a tué ce terroriste a été menée le 22 février", a déclaré à l'AFP le responsable des relations publiques de l'Africom, le colonel Christopher Karns. "Bashir Mohamed Mahamoud était un dirigeant opérationnel de premier ordre (...) Il a été un membre important des shebab pendant plus d'une décennie", a précisé le colonel Karns.
C'était la vingtième frappe de l'armée américaine contre les shebab en Somalie depuis le début de l'année, après 64 en 2019 et 43 en 2018, selon les décomptes du centre de réflexion New America.
Les shebab, une menace sérieuse
Le Pentagone annonce quasi quotidiennement de nouvelles frappes contre les islamistes shebab, sans paraître amoindrir la capacité de ce groupe, affilié à Al-Qaïda, à déstabiliser le pays. Alors que Washington affirme vouloir réduire sa présence en Afrique pour recentrer ses efforts vers les concurrents stratégiques des Etats-Unis, la Chine et la Russie, aux dépens de l'aide à l'opération antijihadiste dirigée par la France au Sahel, la guerre d'usure contre les shebab ne semble pas remise en question à ce jour par les Etats-Unis.
"Les shebab sont l'une des menaces les plus sérieuses du continent. Ils aspirent à attaquer notre pays", a récemment souligné le général Roger Cloutier, commandant des forces terrestres américaines en Afrique. "Le danger qu'ils représentent doit être pris très au sérieux. C'est pourquoi nous nous focalisons sur eux", a-t-il ajouté au cours d'une conférence téléphonique au Pentagone. Les Shebab menacent également le trafic maritime en mer empruntant le canal de Suez.
Or, "malgré des frappes américaines continues et l'assistance américaine aux forces africaines partenaires, les Shebab apparaissent comme une menace croissante", affirmait le bureau de l'inspecteur général, un organisme indépendant du Pentagone. De fait, des shebab ont attaqué le 5 janvier 2020, une base militaire américano-kényane à Lamu, dans le sud-est du Kenya près de la frontière avec la Somalie, tuant trois Américains. Et le 28 décembre, ils ont mené l'une des opérations les plus meurtrières de la décennie en Somalie, l'explosion d'un véhicule piégé dans la capitale Mogadiscio, qui a fait 81 morts.
Une guerre "sans fin"
Les Etats-Unis sont engagés en Somalie depuis le début des années 1980 avec une interruption entre 1993 et 2007. Chassés de Mogadiscio en 2011, les shebab ont perdu l'essentiel de leurs bastions, mais ils contrôlent toujours de vastes zones rurales d'où ils mènent des opérations de guérilla et des attentats-suicides. On estime qu'ils comptent actuellement entre 5 000 et 9 000 combattants.
Les élus américains s'inquiètent du manque de résultats tangibles dans cette guerre discrète, menée par drones interposés, avec une petite force de soldats d'élite sur le terrain (officiellement moins de 200). Interrogé fin janvier sur l'apparence futile de ces frappes quasi-quotidiennes, le commandant de l'Africom, le général Stephen Townsend, a défendu la stratégie américaine. "Je ne pense pas que ce soit futile", a-t-il assuré. "Nous cherchons à réduire leurs capacités".
Pour Catherine Besteman, du Watson Institute, un centre de recherche qui calcule chaque année le coût des guerres américaines, "les interventions militaires en Somalie n'ont pas amélioré la situation, elles ont renforcé le contrôle des shebab sur la population". Ces derniers bénéficient, selon elle, de l'économie de guerre en rackettant la population et en extorquant les fonds issus de l'assistance internationale.
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