Cet article date de plus de quatre ans.

Piraterie : moins d'actes au large de la Somalie, plus dans le golfe de Guinée

360 actes de piraterie ont été recensés dans le monde en 2019, selon des experts français. C'est deux fois moins qu'en 2011, essentiellement parce que les attaques ont diminué dans la corne de l'Afrique, mais elles ont augmenté de l'autre côté du continent, au large du Nigéria. 

Article rédigé par franceinfo - Franck Cognard
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Arrestation de pirates dans le golfe de Guinée - Date non précisée (EuNavFor - Force Navale Européenne)

Presqu'un tiers (111 sur 360) des actes de piraterie recensés dans le monde ont eu pour décor en 2019 le golfe de Guinée, selon le rapport du Maritime Information Cooperation & Awareness Center (MICA Center), le centre d'expertise français en sûreté maritime, qui publie son rapport annuel mardi 7 janvier. 19 pays bordent cette zone, où se concentrent à la fois les attaques dans les eaux internationales (piraterie) et dans les eaux territoriales, voire au port (brigandage).

Le golfe de Guinée, c'est 6 000 kilomètres de côtes du Sénégal à l'Angola, 4 000 navires par jour, un million de tonnes de poissons pêchés chaque année et 10% du pétrole mondial. C'est un trésor de ressources.

Capitaine de frégate Gauthier Dupire, commandant du bâtiment français Somme

à franceinfo

Premier type d'acte : les enlèvements d'équipages contre rançon. En 2019, 146 personnes ont été kidnappées par des pirates, c'est un tiers de plus que l'année précédente. Ces opérations sont lourdes et demandent une certaine logistique, puisque c'est en moyenne une dizaine d'otages qui sont capturés, pour une durée moyenne d'un mois.

Pétrole, pétrole

Deuxième type d'actes : le bunkering (soutage), c'est-à-dire le vol de cargaisons d'hydrocarbures. L'an dernier, 42 tankers ont été la cible d'attaques ou de tentatives. Les experts du Mica Center ont relevé la concordance entre le prix moyen du baril de pétrole et la recrudescence de ces vols. À plus de 60 dollars, il est rentable pour les pirates d'arraisonner un pétrolier avec les moyens nécessaires (personnels, navires pour transborder la cargaison). À plus de 40 dollars, il est déjà rentable de profiter des mouillages pour voler et transférer dans des fûts quelques litres de carburant.

Lors d'un exercice anti-piraterie, à bord d'un navire français déployé dans le golfe de Guinée, lors de la mission Corymbe 127, en décembre 2014 (Thibaut Claisse/Marine Nationale/Défense)

Autre donnée recueillie : les actes de piraterie en 2019 près des côtes ont triplé en comparaison avec 2018. "Ce phénomène peut s’expliquer", notent les rédacteurs du rapport, "par le mauvais temps qui a régné sur la majeure partie de la zone entre juin et octobre 2019 et qui a obligé les délinquants et criminels à opérer le long des côtes". Des évènements beaucoup plus rares ont également été recensés cette année, comme cette série de 5 attaques la même nuit de décembre dernier, au large du Gabon, au cours de laquelle le capitaine d'un navire est tué par balles.

Pirates des Caraïbes

Alors que les pirates se font plus rares au large de la corne de l'Afrique (Somalie notamment) depuis que des navires de guerre du monde entier y patrouillent en nombre, les chiffres d'actes de piraterie et de brigandage augmentent régulièrement dans l'arc caraïbe. Par exemple, 28 évènements ont été relevés en 2019 sur et au large de l'île de la Grenade, contre 3 en 2018. Dans cet arc antillais, ce sont essentiellement les bateaux de plaisance qui sont ciblés. Un peu plus au sud, devant la façade atlantique colombienne, et plus globalement au large des côtes latino-américaines et sud-américaines, les pirates n'hésitent pas à arraisonner des navires de plus fort tonnage, comme les bâtiments marchands.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.