Au Kenya, le plus grand camp de réfugiés du monde s'appelle Dadaab
Constitué de trois grands camps, qui ont gonflé jusqu'à fusionner, Dadaab est devenu la troisième ville du Kenya. Mais la situation sanitaire et sociale s'y dégrade, l'insécurité y est devenue endémique et la patience du gouvernement kényan est à bout. Un casse-tête humanitaire et politique pour les experts, «une prison à ciel ouvert», selon certains habitants.
Installés en 1992 pour accueillir temporairement les réfugiés fuyant la guerre civile en Somalie, après la chute du dictateur Siad Barre, les camps ont pris racine dans une zone quasi-désertique, à 95 km de la frontière. La conjonction des combats et des sécheresses en Somalie ont causé plusieurs crises humanitaires majeures, notamment en 2011 (video-2min50) , avec des dizaines de milliers de morts en raison de la famine et des centaines de milliers de nouveaux déplacés et réfugiés.
Depuis, une coalition militaire régionale a fait reculer les islamistes somaliens shebab, et une bonne saison de pluies a apporté des récoltes satisfaisantes. Mais Dadaab ne désemplit pas, un casse-tête de plus en plus insoluble.
UNHCR, le 22 mars 2012
«Face à une telle réalité, il est évident que maintenir les camps tels qu'ils sont aujourd'hui pour vingt nouvelles années n'est pas envisageable. Mais quelles sont les autres solutions ?», s'interroge Médecins sans frontières (MSF), qui a organisé un colloque sur ce thème, mi-juin, à Nairobi.
Le Premier ministre kenyan Raila Odinga (lien en anglais) évalue le nombre des réfugiés des camps de Dabaab à ce jour à environ 600.000 personnes, très majoritairement somaliens, et à près d'un million au total le nombre de somaliens installés sur le sol kényan. Affirmant que son pays ne peut continuer à faire face à un tel afflux, il considère que les récents succès militaires contre les islamistes shebab dans le sud et le centre de la Somalie doivent être suivis, avec le soutien de la communauté internationale, de l'installation de camps et d'infrastructures pour créer un environnement qui facilite le retour volontaire des réfugiés dans leur pays.
Un espoir chimérique, aux yeux de la plupart des responsables humanitaires, même s'ils reconnaissent que le Kenya assume aujourd'hui «un fardeau disproportionné» de réfugiés. «Un retour volontaire paraît quelque peu hors de portée, la paix en Somalie n'est pas très stable et je ne nous vois pas mettre en place un programme d'incitation intensif au rapatriement», a commenté Abel Mbilinyi (lien en anglais), représentant adjoint du Commissariat des Nations Unies aux réfugiés au Kenya.
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