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Yennenga, projet de ville nouvelle à 15 kilomètres de Ouagadougou

La ville nouvelle de Yennenga verra le jour à 15 kilomètres au sud de Ouagadougou. Créée en pleine savane, elle accueillera 80.000 habitants sur 678 hectares. Innovante et durable, elle se présente comme la ville africaine du futur face aux défis urbains du continent. Lauréate du concours international en 2017, l’agence Architecture Studio supervisera le projet pour le promoteur CGE-immobilier.
Article rédigé par Michel Lachkar
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 3 min
Ville nouvelle de Yennenga: perspective de l'avenue des Institutions. (Agence Architecture-Studio pour CGE immobilier)

 
Ouagadougou, comme d'autres capitales africaines, connaît une croissance anarchique, liée notamment à l'exode rural. Depuis les années 70, la ville n’a cessé de s’étendre, à raison d’une croissance de la population de 7% par an. A ce rythme, 4,7 millions d’habitants sont attendus pour 2025.

Sans espaces verts, ni transports adéquats, le marché immobilier de la capitale burkinabè est aujourd’hui saturé. La ville a largement perdu les charmes de «gros village africain» qui la caractisait dans les années 50. 

Pour désengorger la capitale, une ville nouvelle verra le jour, d’ici à 2030, à une quinzaine de kilomètres seulement de Ouagadougou. Le projet Yennenga proposera tous types d’habitats: logements sociaux, logements économiques ou hauts de gammes. La ville accueillera des complexes hôteliers, un centre de conférence, des immeubles de bureau avec l’ambition de développer un pôle d’attractivité régional autour de la capitale. Une coulée verte traversera la ville d’Ouest en Est, mettant en valeur les collines et les arbres existants.

Yennenga, projet de ville nouvelle de 80 000 habitants, au sud de Ouagagougou   (Agence Architecture-Studio)

Concours international
Lauréate du concours international lancé au printemps 2017, l’agence Architecture-Studio en partenariat avec quatre autres cabinets d’architectures (Arcade, Beckam N’Thépé, Coldefy&Associés, Hardel et le Bihan) a conçu son centre-ville dans «une démarche écologique, responsable et inclusive».

La ville comportera un parc de 28 hectares, des axes Nord-Sud connecteront les différents quartiers, définissant des îlots urbains. La ville nouvelle est directement reliée à la capitale par la route nationale 5.

Au Nord, les édifices bloqueront l’arrivée des vents chauds chargés de poussière de l’harmattan; au Sud, ils permettront au contraire au vent doux et humide de la mousson de rafraîchir la ville.

La place de l’eau a également fortement orienté la réflexion. Les eaux de pluies de la saison humide seront récupérées depuis les toitures pentues des bâtiments. L’eau sera stockée par un système enterré de réservoirs permettant d’assurer une bonne partie des arrosages.

Le projet de centre-ville sera construit autour d’une coulée verte et d’une place centrale permettant de «conjuguer ville et campagne». La place de la voiture sera relativisée (...) au profit des circulations douces: transports en commun, vélos, chevaux et piétons.

L’architecture se veut résolument contemporaine, mais ancrée dans la culture burkinabè, avec les matériaux (bois et verre) et des couleurs (rouge orangé de l’argile ou jaune de la paille). Des îlots bâtis de hauteur moyenne (4 étages) dessineront la majeure partie du tissu urbain, avec quelques bâtiments plus monumentaux.

Une conception bio-climatique des bâtiments, basée sur une ventilation naturelle sera la norme. La forme inclinée et relevée des toitures offrira une ombre rafraîchissante aux balcons et saillies.

Une centrale solaire prévue à l’extérieur de la ville alimentera la ville. Des lampadaires urbains photovoltaïques et des panneaux solaires seront intégrés aux bâtiments.

  (Agence Architecture-Studio pour CGE immobilier)

L'identité d'une ville
La culture n’est pas oubliée, avec un centre des beaux-arts, un musée et des lieux de culte. Le nom de la ville rend hommage à la princesse Yennenga, figure historique et fondatrice des peuples mossis.

Martin Robain, architecte associé au sein d’Architecture-Studio, résume ainsi l’ambition centrale du projet: «Le projet de Yennenga engage une véritable réflexion sur la ville africaine de demain, sachant qu’il n’existe que très peu d’exemples de villes achevées sur ce modèle. Nous voulons prouver qu’une ville durable, à la fois moteur économique au niveau régional et respectueuse de l’environnement, constitue la réponse au défi de l’urbanisation en Afrique. Un dernier défi a consisté à ancrer la ville dans son patrimoine culturel et à lui conférer une identité propre.»

La croissance des villes en Afrique représente un enjeu sans précédent. On estime que chaque année près de 24 millions d’habitants supplémentaires peupleront les villes africaines d’ici à 2045. Pour l’heure, le taux de pauvreté en ville avoisine les 70% et les inégalités ont tendance à se creuser, si bien qu’il est fondamental de revoir le modèle d’urbanisation africain.

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