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Une marche pour réclamer des mesures contre les féminicides en Afrique du Sud

Dans un pays ultra violent, 40 000 femmes sont victimes de violences sexuelles chaque année.

Article rédigé par Jacques Deveaux
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 3min
Durant la manifestation à Johannesburg, le 13 septembre 2019. Pour le seul mois d'août 2019, 30 femmes ont été assassinées en Afrique du Sud. (/AP/SIPA / SIPA)

L’Afrique du Sud est un des pays les plus dangereux au monde. Plus de 21 000 meurtres ont été recensés en un an, soit une moyenne de 58 par jour. Et les femmes n’échappent pas à la tragédie. Pour le seul mois d’août 2019, 30 femmes ont été tuées par leur conjoint. Une par jour.

Les féminicides ne sont pas une nouveauté. L’affaire la plus célèbre est sans doute le cas Oscar Pistorius, reconnu en 2017 coupable du meurtre de sa compagne Reeva Steenkamp.
Voilà pour les violences "domestiques". Mais il y a aussi toutes les victimes de viols, commis parfois en pleine rue. Ainsi la dernière affaire en date a soulevé l’indignation. Le 24 août dernier, une jeune étudiante de 19 ans a été violée et assassinée à l’intérieur d’un bureau de poste du Cap. Le meurtrier n’est autre qu’un employé qui se trouvait seul au travail cet après-midi-là.

Une taxe pour aider les femmes

Une nouvelle fois, une partie de la population a réagi. Peut-être à cause de l’identité du meurtrier, salarié de la poste. Ses employeurs finalement ne connaissaient pas grand-chose de lui. Pourtant il avait déjà été condamné pour une affaire de vol à main armée.

Une marche a ainsi été organisée dans le quartier de Sandton à Johannesburg. Des centaines de femmes habillées en noir se sont regroupées devant le JSE, le Johannesburg Stock Exchange, la plus vieille bourse d’Afrique. Tout un symbole pour réclamer une taxe de 2% sur tous les profits, afin de financer un fonds destiné à lutter contre les féminicides et les violences faites aux femmes.

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Reportage AFP TV : Antoine Demaison

Les femmes réclament aussi des moyens de transport spécifiques pour les employées qui travaillent de nuit. Mais aussi le financement de programmes d’aide aux victimes de violences liées au genre. Et plus globalement une politique pour briser le plafond de verre qui bloque les femmes dans le monde du travail.

40 000 viols par an

Un mélange de colère et de peur. Les mères de jeunes filles ne cachaient pas leur angoisse. En un an, plus de 40 000 viols ont été enregistrés par la police. 110 par jour. "En tant que mère, je veux vivre dans un pays où les jeunes filles et les jeunes femmes sont protégées", expliquait une manifestante au Sunday Times.

Le mot dièse #AmINext (Suis-je la suivante ?) est devenu le mot d’ordre de la réaction des femmes. Les étudiants ont commencé à montrer le chemin en manifestant notamment devant le Parlement au Cap le 4 septembre.

Le président Cyril Ramaphosa, interpellé, a promis plus de sévérité. "Les hommes qui tuent et violent doivent rester toute leur vie en prison, a martelé le chef de l'Etat. La loi doit changer pour qu'un violeur ou un meurtrier soit condamné à la perpétuité, sans possibilité de mise en liberté provisoire."

Pas une première

Hélas, ce sursaut n’est pas le premier de l’histoire et reste une nouvelle fois limité à quelques centaines de femmes et quasiment aucun homme. Déjà, en août 2018, des femmes avaient organisé un rassemblement devant le siège du gouvernement à Pretoria. Et Cyril Ramaphosa avait réagi, organisé un forum sur le thème, promis budgets et plans d’action. Un an après, l’histoire bégaye…

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