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Un tiers des Nigérianes victimes de violences de la part de leur conjoint

Les violences conjugales sont apparemment des pratiques très courantes au Nigeria. Mais les femmes hésitent à se défendre et à porter plainte dans une société restée très patriarcale.
Article rédigé par Laurent Ribadeau Dumas
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 1 min

Difficile de trouver des chiffres sur le phénomène. En 2014, le gouvernement de l’Etat de Lagos a inauguré l’Equipe d’intervention contre les violences domestiques et sexuelles (Domestic and Sexual Violence Response Team, le DSVRT). Objectif: répondre «à l’augmentation des plaintes pour viols, détournements de mineurs, violences domestiques, maltraitance des enfants, négligence et mauvais traitements», explique le site de cette institution. Sans donner plus de précisions.

Pour autant, selon les chiffres d’une enquête citée par le Guardian, «près d’un tiers des Nigérianes ont subi des violences physiques (…) de la part de leurs compagnons».

«Tu dois sauver l'honneur de la famille»
Très souvent, les victimes ne sont pas prêtes à quitter les auteurs des coups. Elles ne souhaitent qu’une seule chose: la fin des violences. Pour la responsable du DSVRT citée par le Guardian, cela est lié à «la perception culturelle attachée à une femme qui quitte son mari»: celle d’être «immorale». Bien souvent, cette dernière tient à rester mariée pour conserver les apparences. Pire, selon l’enquête citée par le journal britannique, 43% des Nigérianes estimeraient qu’«un mari a raison de battre sa femme notamment quand elle sort sans le lui dire, ou quand elle néglige les enfants». «Peut-être sommes-nous élevées pour penser qu’il est normal de subir ce genre de violences», a expliqué au Guardian la responsable du DSVRT…  

Celles qui franchissent le pas ne peuvent guère compter sur leurs familles qui craignent pour leur réputation. «Malgré les coups que j’ai reçus, ma mère m’a dit: "Tu dois sauver l’honneur de la famille et rentrer chez toi." Je suis donc rentrée chez moi», a raconté une victime au Guardian.

D’une manière générale, la société nigériane, patriarcale et attachée à la religion, n’aide apparemment guère les femmes en difficulté. Après avoir été battue par son mari, l’une d’elles est allée trouver la police. «"Ils m’ont dit que je n’étais plus une petite fille. Si je ne voulais plus être mariée, je n’avais qu’à divorcer." Elle en a parlé à son beau-père. Celui-ci lui a assuré qu’“il (était) normal de battre sa femme.” Elle s’est adressée au pasteur, qui lui a conseillé de ne pas mettre son mari trop en colère», rapporte le New York Times (cité par Courrier International). Dans ce contexte, les victimes de violences et de sévices se retrouvent très seules. Et ne peuvent qu’hésiter à vouloir voler de leurs propres ailes…

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