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RD Congo : des dizaines de réfugiés burundais tués dans l’est du pays

L’ONU a demandé, le 16 septembre 2017, une enquête sur la mort d’au moins 36 réfugiés burundais dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC), tués la veille par l’armée congolaise. Les réfugiés, qui se disent victimes de «persécution religieuse» de la part des autorités burundaises, étaient en train de manifester. Explications.
Article rédigé par Laurent Ribadeau Dumas
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Militaires congolais à Butembo (province du Nord Kivu) le 25 août 2016. (REUTERS/Kenny Katombe)

124 personnes ont également été blessées lorsque les Forces armées de la RDC (FARDC) ont tenté de disperser une manifestation de réfugiés burundais à Kamanyola, localité de la province du Sud-Kivu (est de la RDC). C’est ce qui ressort de la version des faits rapportée par les autorités de la région, en proie à des violences depuis 20 ans.

Les réfugiés burundais, dont des demandeurs d'asile, exigeaient la libération de quatre des leurs, «expulsés vers leur pays d'origine» après avoir été arrêtés, a affirmé Josué Boji, directeur de cabinet du ministre de l'Intérieur du Sud-Kivu. Selon les premiers éléments de la Mission des Nations unies en RDC (Monusco), la mort d'un officier congolais «a entraîné une escalade de la violence. En réponse, les forces de défense et de sécurité congolaises auraient ouvert le feu sur les manifestants de façon disproportionnée», a précisé cette source.

Les réfugiés burundais ont trouvé refuge dans une base de la Monusco car ils «ont été chassés comme des animaux par des Congolais toute la nuit», a témoigné un réfugié cité par l’Agence France Presse. Ce dernier a dit craindre pour ses compatriotes encore hébergés dans des familles congolaises. «J'ai vu des gens tomber, des hommes, des femmes et des enfants qui n'avaient aucune arme», a raconté un autre réfugié.
Dans un communiqué, le chef de la Monusco, Maman Sidikou, a condamné «toute forme de violence entre communautés». Il «rappelle l'obligation pour les forces de défense et de sécurité de ne recourir à la force qu'en dernier recours, en respect des principes de nécessité, proportionnalité et légalité, conformément aux standards internationaux».
 
De son côté, le Burundi a demandé des comptes aux autorités de la RDC. «Des éclaircissements sont nécessaires» sur les circonstances de cette «fusillade», a réagi le ministre burundais des Relations extérieures, Alain-Aimé Nyamitwe, sur son compte Twitter. Cet incident «nous rappelle que la gestion des camps de réfugiés doit se conformer pleinement aux conventions (de) Genève».

Clarifications are needed on the shootings & circumstances around. @UNHCR, @MONUSCO and the #DRC authorities need to communicate.2/


«La fin du monde est proche»
D'après des témoignages recueillis par l'AFP, ces réfugiés affirment pour la plupart être victimes de «persécution religieuse» de la part du gouvernement burundais.
La majorité d’entre eux sont des adeptes de la prophétesse d’obédience catholique Zebiya (Eusébie Ngendakuma de son vrai nom). Adeptes qui seraient plusieurs centaines.

Originaire de Businde (nord du Burundi), cette prophétesse, qui aurait environ 45 ans, assure avoir des visions de la vierge Marie. On ne sait peu de choses sur sa secte. Selon le site de la radio burundaise isanganiro.org, ses disciples, qui se considèrent comme les martyrs de la vierge, «sont convaincus que la fin du monde est proche». Dans le même temps, «porter un voile est obligatoire pour les femmes et filles» membres de la secte.

En mars 2013, la police burundaise a détruit le sanctuaire de Businde et tué neuf de ses adeptes lors d’une procession. Mais elle n’a pas réussi à attraper Zebiya. En 2014, les autorités pensaient avoir localisé sa planque dans un quartier populaire du centre de Bujumbura, la capitale, rapporte RFI. Mais elles n’ont pas réussi à l’attraper. «Elle est invisible (…).Tous les jours vous la cherchez, vous trouvez ses collaborateurs, mais Zebiya vous ne la trouvez pas. Elle est puissante», expliquait alors un habitant du quartier. D’autres habitants ont assuré que Zebiya a échappé à la police… en prenant l’apparence d’un bébé.

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