Niger : en deux jours, plus de 11 000 personnes ont fui les attaques armées au nord de Tillabéri
Des groupes armés ont lancé un ultimatum aux populations de quitter leurs villages dans les trois jours.
A bord de camions, de charrettes, voire simplement à pied, en deux jours, plus de 11 000 personnes ont rejoint la ville de Tillabéri et ses environs, au sud-ouest du Niger. Hommes, femmes, enfants, jeunes ou vieillards, tous sont à la recherche d'un minimum de sécurité. Ils fuient une vingtaine de villages de la région de l'Anzourou, au nord de Tillabéri. Poussés au départ par un ultimatum des groupes armés sévissant dans la région, selon un rapport du Bureau de la coordination des affaires humanitaires de l'ONU (Ocha).
"La soirée du 14 mai, des hommes armés sont venus dans certains de ces villages. Après avoir emporté tout le bétail, ils ont lancé aux habitants un ultimatum de trois jours pour dégager", a témoigné un élu local auprès de l'AFP. La population qui n'a aucun moyen de résister a alors pris la route, la nationale 1, qui descend vers Tillabéri au Sud, puis au-delà vers Niamey, la capitale.
Ultimatum
Depuis des semaines, les attaques armées se sont multipliées dans cette région déjà particulièrement visée. Plus de 100 civils ont été tués depuis le début du mois de mai dans les villages de Intoussane (Banibangou) et dans l’Anzourou.
"Ce déplacement massif, explique l'Ocha, a été déclenché par les attaques récurrentes contre les civils, notamment les assassinats, les violences basées sur le genre, les viols, les extorsions de biens et les vols de bétail, perpétrés par les éléments présumés de groupes armés non étatiques (GANE), opérant le long de la frontière avec le Mali."
Les autorités, visiblement surprises par cet exode, exhortent les familles à retourner chez elles. "Actuellement, nos forces sont déployées dans toute la zone d’Anzourou. Il n’est plus question que nos populations désertent leurs villages", a déclaré mardi 18 mai le ministre de l'Intérieur Alkache Alhada à la rencontre des déplacés de Tillabéri.
102 000 déplacés
Pas sûr que cela suffise à convaincre ces gens qui, face à l'insécurité qui règne dans leurs villages, préfèreront l'inconfort de Tillabéri. Car sur place, il faut dans l'urgence répondre aux besoins : eau, vivres, abris, latrines. "Le site de l’Arène de lutte traditionnelle qui accueille la majorité des personnes déplacées dans la ville de Tillabéri n’est pas viable", alerte l'Ocha. La saison des pluies approche et il faut trouver un site qui soit adapté, notamment à l'abri des crues du fleuve Niger.
D'autant que ces réfugiés ne sont pas les premières personnes déplacées au Niger. Selon les autorités nigériennes, il y a à ce jour dans la région 102 000 déplacés, soit plus de 14 000 ménages. Plus de 300 écoles (totalisant 22 000 élèves) sont fermées et 30 000 personnes sont privées de soins en raison de la fermeture de centres sanitaires.
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