«Si vous essayez de vous enfuir, ils vous tirent dessus. Si vous arrêtez de travailler, ils vous frappent. On nous traitait comme des esclaves. A la fin de la journée, on nous enfermait dans une pièce», raconte Aimamo, un jeune Gambien de 16 ans. Arrivé en Libye tout seul, l’adolescent avait été forcé à travailler pendant des mois dans des conditions épuisantes. Racisme et exploitation Si tous les jeunes qui transitent par les routes de la mer Méditerranée courent des risques considérables, ceux originaires d’Afrique subsaharienne sont bien plus menacés par l’exploitation et la traite que ceux venant d’autres régions du monde, selon le rapport Un voyage épouvantable (en anglais), publié le 12 septembre 2017.Une différence qui serait liée au racisme très présent en Libye. Les jeunes venant d’Afrique subsahrienne, notamment ceux voyageant seuls, sont «traités plus durement et exploités en raison de la couleur de leur peau», précise l’étude.«C’était ça ou mourir»Pour entreprendre ce périlleux voyage, les jeunes payent entre 1000 et 5000 dollars en moyenne. Ils quittent leur pays pour échapper à la violence ou tenter de construire un avenir meilleur. La plupart n’ont pas d’autres choix. «Nous avons risqué nos vies pour arriver ici, nous avons traversé la mer, nous savions que c’était dangereux, mais nous avons décidé de faire ce sacrifice. C’était ça ou mourir», explique Mohamed, 17 ans, qui a traversé la Libye pour demander l’asile en Italie.Sur la route de la Méditerranée centrale qui passe par la Libye, les risques d’exploitation sont 4 fois plus élevés pour les jeunes Noirs. L'étude de l'Unicef révèle que les migrants d'Afrique subsaharienne sont plus exploités que les autres. (Capture d'écran du site de l'Unicef) Des voies de migration sécuriséesAlors que le problème de l’exploitation des migrants semble inextricable, l’Unicef et l’OIM appellent à prendre des mesures spécifiques et urgentes pour protéger les jeunes migrants particulièrement vulnérables.Pour Afshan Khan, Directeur régional de l’Unicef et Coordinateur spécial pour la crise des migrants et des réfugiés en Europe, «les dirigeants européens doivent mettre en place des solutions durables, notamment des voies de migration sécurisées et légales, créer des couloirs de protection et trouver des alternatives à la détention des enfants migrants».