Mamoudou Gassama : «Ces héros qui fuient le népotisme et la mal gouvernance»
Exemplaire, admirable, les réactions sont encore nombreuses en Afrique pour saluer le jeune Malien sans papiers, Mamoudou Gassama, qui a sauvé la vie d'un jeune enfant de 4 ans. Il a escaladé en 30 secondes la façade d’un immeuble parisien pour atteindre l’enfant, suspendu à un balcon au 4ème étage.
Le président malien Ibrahim Boubakar Keita l’a joint au téléphone depuis Bamako pour saluer «un digne et courageux fils du Mali».
De nombreux Maliens se sont sentis honorés par le geste héroïque de leur compatriote : «un héros, mais surtout un homme qui n’a écouté que son instinct pour sauver un enfant», se félicitent-ils.
La presse malienne rappelle la traversée du désert de Mamoudou Gassama sur la route menant vers l’Europe : un voyage de tous les dangers qui l’a conduit du Mali au Burkina, en passant par le Niger et la Libye avant de gagner l’Italie puis la France.
«Il a eu finalement raison d’arriver en France par effraction, car le savait-il, une vraie République sait reconnaître et récompenser le mérite de ses enfants», écrit le quotidien malien Républicain qui déplore que le Mali fasse peu de choses pour retenir ses héros qui fuient «la corruption, les primes à la médiocrité, le népotisme et la mal gouvernance».
Ils sont des milliers de Mamoudou Gassama à affronter la mer, à être livrés à des négriers des temps modernes qui les monnaient, comme au temps honteux de l’esclavage, s’indigne Wakat Sera, un journal burkinabé en ligne.
«Et si par chance, ils arrivent à débarquer sur la terre promise, ces sauterelles sont traquées sans ménagement et renvoyées», rappelle le journal.
Pour le quotidien Le Pays, l’acte de Gassama devrait inciter à la solidarité et à la fraternité.
«Disons-le tout net, les étrangers ne devraient plus être perçus par les Français comme de la merde ou de la racaille qui vient souiller leurs plages, mais plutôt comme des frères et des sœurs capables du meilleur», plaide le journal.
Depuis son arrivée en France il y a six mois, Mamoudou Gassama travaillait au noir dans le bâtiment. Avec l’espoir de ne pas être surpris par un contrôle de police et d’être reconduit dans son pays.
«Combien sont-ils ces Africains à vivre au noir dans la capitale française, à tirer leur pitance de petits boulots, si ce n’est de trafics divers et pour qui le miracle tant espéré de l’immigration s’est souvent transformé en mirage ?», s’interroge L’Observateur Paalga.
Le quotidien burkinabé observe que si Mamoudou Gassama est désormais sorti de la clandestinité, il y a peu de chance que tous les clandestins parisiens qui n’ont certainement pas tous la condition physique et le courage du jeune héros, décrochent la nationalité française.
D’où la nécessité pour les pays africains de créer les conditions susceptibles «de retenir des milliers d’autres candidats au départ», écrit Le Républicain.
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