Libye : au pays de l'or noir, l'électricité reste un bien rare
La Libye a beau posséder les plus importantes réserves de pétrole d'Afrique, elle n'arrive pas à assurer sa couverture électrique. Son réseau a notamment souffert de la guerre civile.
C’est à la lueur des bougies que désormais les enfants de Tripoli font leurs devoirs le soir. Par manque d’électricité, la fourniture d’eau est également régulièrement coupée car les pompes ne fonctionnent plus. Les particuliers se tournent vers les groupes électrogènes dont ils sont devenus totalement dépendants, ce qui n’est pas sans danger. Début août à Benghazi, trois enfants sont morts dans l’incendie de leur maison provoqué par l’explosion du générateur. Celui-ci a surchauffé suite à son utilisation prolongée de plusieurs heures.
Production déficitaire
Middle East Monitor a récemment comparé la situation de la Libye à celle de l’Irak, où la crise électrique est installée depuis 2015. Deux pays qui regorgent de pétrole, mais ne parviennent pas à s’éclairer la nuit. Bagdad a pourtant dépensé la somme colossale de 80 milliards de dollars sans obtenir de résultat. Pire même, dans de nombreuses villes d’Irak, l’électricité n’est disponible que la moitié du temps.
La Libye en est rendu exactement au même point. Elle produit 5 200 mégawatts d’électricité quand elle en consomme 8 050. C’est Kamal Daw, le directeur de la compagnie nationale Gecol, qui l’a précisé le 7 août dernier, et les délestages sont donc incontournables.
Les mêmes responsables expliquent que la situation s’est dégradée en raison de la hausse conséquente de la consommation ces dix dernières années, en particulier avec le développement de la climatisation, y compris dans les foyers à faibles revenus. Mais le problème vient plus du réseau, peu entretenu, endommagé voire parfois saboté durant la guerre.
Un réseau détruit par la guerre
Ainsi les lignes à haute tension et les transformateurs ont été détruits lors de l’attaque contre Tripoli par les troupes du maréchal Haftar. Même les pilleurs s’y sont mis, arrachant les câbles du réseau pour récupérer le cuivre. Le réseau est aujourd’hui sous la menace de la moindre panne.
Désormais, même les villes de l’Est, comme Benghazi ou Tobrouk, longtemps épargnées car à l’abri des combats, sont concernées par les délestages. "Quand il y a coupure, un brouhaha ininterrompu s'empare de Tripoli, qui vibre au vrombissement des générateurs. La fumée âcre et grisâtre qui s'en dégage envahit les rues", rapporte l’AFP. Le marché des groupes électrogènes est devenu florissant, d’autant que le carburant ne semble pas manquer. Une demande poussée par une canicule hors normes cet été. Pour faire tourner les climatiseurs, il ne restait que les générateurs.
Paradoxalement, les annonces de construction de centrales se succèdent. Selon Gecol, deux turbines à gaz sont arrivées au port de Tripoli début août. Les travaux vont rapidement commencer afin de relier ces turbines au réseau. La centrale à gaz de Tripoli devrait fournir au total 670 mégawatts. Une autre centrale dans la ville d’Ubari au sud du pays doit délivrer, elle, 300 mégawatts. "2 000 mégawatts seront ajoutés au réseau d'ici la fin de 2021 et 5 200 mégawatts d'ici la fin de 2022", a déclaré le PDG de Gecol, Wiam Al-Abdalli.
Sur le papier, la production deviendrait donc supérieure à la consommation. Sur le papier ! Car dans ce pays qui se reconstruit lentement, rien n’est jamais sûr.
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