Les Tchadiens privés de réseaux sociaux depuis une année
VPN (réseau privé virtuel) et réseaux des pays voisins ont permis jusqu'ici à quelques-uns d'avoir une connexion au Tchad.
Les internautes tchadiens ne peuvent pas se connecter depuis le 28 mars 2018 à Facebook, Twitter, Whatsapp, Viber et autres réseaux sociaux, via les deux principaux opérateurs du pays, Tigo Tchad et Airtel.
L'accès aux réseaux sociaux équivaut "à 90% de l'utilisation de la bande passante" du pays, explique Abdelkerim Yacoub Koundougoumi, chef de la division Afrique Centrale de l'ONG Internet sans Frontières (ISF). En d'autres termes, c'est par ce biais que les Tchadiens arrivent sur le Net.
Quelque 10 000 Tchadiens réussissent aujourd’hui à contourner cette coupure d'Internet. "Avant (l'interruption), poursuit l'activiste, il y avait 5% de Tchadiens (400 000 sur environ 15 millions d'habitants) qui avaient accès à Internet, dont 2% qui utilisent beaucoup les réseaux sociaux. Aujourd’hui, nous sommes arrivés à un taux de 0,08%".
"Les Tchadiens sont invisibles sur la Toile"
"Les Tchadiens sont invisibles sur la Toile et le pouvoir ne fait rien pour leur en faciliter l'accès." Au contraire, "le gouvernement a peur d'Internet" dans un pays où "il est interdit de manifester" et où "le régime contrôle tout", les réseaux sociaux sont devenus le seul moyen pour les Tchadiens de s'exprimer librement.
Ils ont donc trouvé des alternatives, notamment le VPN (réseau privé virtuel), pour continuer à aller sur Internet. "IIs se connectent aussi via les réseaux des pays voisins comme le Cameroun qui est collé à la capitale N’Djamena. Ceux qui sont à la frontière nigérienne et libyenne se débrouillent aussi", indique Abdelkerim Yacoub Koundougoumi.
"Une censure disproportionnée, illégale et injustifiée"
"Malgré deux actions judiciaires au civil et devant le juge constitutionnel tchadien, des rapports déposés au Conseil des droits de l’Homme de l’ONU dans le cadre de l’examen périodique universel du Tchad, des manifestations, des interpellations des rapporteurs spéciaux pour la liberté d’expression à l’ONU et à l’Union Africaine, le gouvernement tchadien reste sourd et maintient une censure disproportionnée, illégale et injustifiée", précise un communiqué d'ISF.
Prochaine étape pour essayer d'obtenir gain de cause : des "actions citoyennes comme les sit-in, des actions concrètes sur le terrain", résume Abdelkerim Yacoub Koundougoumi. En attendant, la campagne internationale se poursuit, notamment sous le hashtag #Maalla_Gatétou ("Pourquoi avez-vous coupé ?" en arabe tchadien).
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