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Les «filles de ménage», des enfants tenus en esclavage

Les employés de maison sont particulièrement nombreux en Afrique. Une tradition culturelle, mais aussi une nécessité avec l’accroissement du travail des femmes. Mais ce secteur est particulièrement opaque et les abus à l’encontre de mineurs sont fréquents. Il n’est pas rare de faire travailler des enfants de 10 ans et de leur faire subir un enfer.
Article rédigé par Jacques Deveaux
France Télévisions
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0,34 %, c’est le taux de déclaration des employés de maison en Côte d’Ivoire, présenté en juin 2017 par la Caisse nationale de prévoyance sociale du pays. 2420 personnes engagées, alors qu’on sait pertinemment que le nombre est bien supérieur. En fait, on estime à un million le nombre de travailleurs domestiques pour la seule ville d’Abidjan (5 millions d’habitants). Seuls les expatriés ont semble-t-il déclaré leurs employés. Cela en dit long sur l’opacité qui règne en Côte d’Ivoire sur le travail domestique.
 
Un euro de salaire par jour
Une ONG, le Réseau ivoirien pour la défense des droits de l’enfant et de la Femme (RIDEFF) a mené une enquête de  terrain sur dix communes d’Abidjan. Outre le nombre d’employés travaillant en ville, l’enquête a permis de démontrer que près du quart des employés sont des mineurs. Le salaire moyen est d’un euro par jour. Le travail est à 85% tenu par des femmes ou des filles. Souvent, les adolescentes deviennent employées de maison car les parents ne peuvent plus payer l’école. «Les heures de repos n’existent pas et les brimades, privation, violences physiques et sexuelles sont quasi quotidiennes» raconte l’ONG.
 
L’absence de statut pour les travailleuses domestiques est à l’origine des abus, notamment quant au travail des mineures. Pour la présidente du RIDDEF, Chantal Ayemou, la Côte d’Ivoire est confrontée à une vision ancrée dans la société. Ainsi, le travail domestique est considéré comme dévolu aux femmes et aux filles. Cela n’a rien d’extraordinaire, et ne nécessite pas de statut particulier. Une proposition de loi a bien été adoptée en 2014. Mais la loi n’est toujours pas votée.
 
La Côte d’Ivoire n’est pas une exception
«Les exemples en Afrique sont légions. Car, en plus du manque de législation encadrant le travail des filles de ménage, ces dernières sont pour la plupart analphabètes et issues de milieux défavorisés» écrit Africanews. Le site raconte l’histoire de Titi, qui avait dix ans quand elle a commencé le métier. «J‘étais tout le temps battue par ma patronne, même pour avoir cassé une assiette» raconte-t-elle.
 
Le sort de ces «petites bonnes à tout faire» a ému le Maroc après le décès, en mars 2013, d’une adolescente qui a succombé aux sévices infligées par son employeuse. Un calvaire pour la jeune Fatym, âgée de 14 ans, brûlée au 3e degré sur le thorax, aux mains et au visage. L’employeuse a été condamnée à 20 ans de prison. Depuis, le pays tente en vain de réglementer ce secteur par l’instauration d’un contrat de travail, un salaire minimum (une centaine d’euros par mois) et des congés annuels. Mais ici aussi, il n’existe toujours pas de loi spécifique pour protéger ces petites filles exposées aux caprices de leurs maîtres.
 
En Tanzanie, l’ONG Wotesawa a été créée en 2011 pour protéger les mineurs employés comme domestiques. Elle est dirigée par Angela Benedicto, elle-même ancienne employée de maison. Malgré sa création récente, l’ONG a déjà traité plus de 500 cas d’enfants exploités. 315 ont été remis à leur famille et 150 sont retournés à l’école.
 
En Tanzanie, rapporte l’ONG, le travail domestique est un secteur économique informel, sans aucune réglementation. Le travail des enfants comme domestique est toléré à partir de 14 ans. En fait, les employeurs négligent les lois sur le travail, au point que le nombre total d’enfants travaillant comme employés de maison est inconnu. Il est estimé à un million pour une population de 51 millions d’habitants. Ici aussi, les emplois sont tenus à 80% par des filles âgées de 10 à 18 ans. Ces enfants domestiques sont selon Wotesawa «le groupe le plus exposé à l’exploitation et à la violence en Tanzanie».

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