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Le Sénégal, un exemple de la lutte anti-tabac en Afrique

Depuis le 26 août 2017, les paquets de cigarettes vendus au Sénégal doivent afficher des images et des slogans mettant en garde les consommateurs contre les maladies liées au tabac. Une politique qui fait figure d’exemple sur le continent africain.
Article rédigé par Gerard Maider
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
Au Sénégal, une loi de 2014 interdit de fumer «dans les espaces publics», la publicité pour la cigarette ainsi que l’ingérence de l’industrie du tabac dans les politiques nationales de santé. Depuis le 26 août 2017, des mises en garde et des photos chocs sont même obligatoires sur les paquets de cigarettes. (SEYLLOU / AFP)

«Fumer cause une mort lente et douloureuse», «fumer rend impuissant et stérile», alertent  les paquets de cigarettes au Sénégal depuis le 26 août 2017. Sur l’image, un homme, visiblement malade, est montré alité et sous assistance respiratoire. Jusqu'ici, les mises en garde sanitaires sur les paquets de cigarettes se faisaient avec des messages en français mais sans image.

De la prévention sous peine de sanctions
Cette mesure a été votée dans le cadre de la loi anti-tabac de mars 2014. Elle impose aux fabricants de cigarettes de prévenir de la nocivité du tabagisme sous peine de sanctions. L’arrêté d’application, passé en décembre 2016, n'a pris effet que le 26 août 2017. 

«Un délai avait été donné aux fabricants (pour se conformer à cette règle) et il a expiré aujourd'hui (le 26 août 2017, NDLR). Obligatoirement, les fabricants doivent suivre, sinon ils s'exposent à des sanctions», a prévenu le chef du bureau de la législation au ministère de la Santé, Mactar Bâ. 


Des images qui font déjà leur effet sur les accros à la nicotine. Depuis la mise sur le marché des nouveaux paquets de cigarettes, «il y a des clients qui achètent, d'autres ont peur. (Certains) disent que si je ne vends que ces paquets, ils n'en veulent pas. Quand ils voient l'image (de la personne malade et couchée), des clients s'en vont», a affirmé Mamadou Aliou Diallo, un vendeur ambulant de cigarettes dans le centre-ville de Dakar.

Lors de la dernière enquête portant sur la consommation nationale de tabac au Sénégal, le ministère sénégalais de la Santé et de l’Action sociale a recensé plus de 2,5 millions fumeurs réguliers, soit 11% de la population. Par comparaison, la France, pays d'accros à la nicotine, compte un tiers de fumeurs plus ou moins réguliers (32%) soit 16 millions de personnes.

Une politique exemplaire
La politique sénégalaise est très répressive et fait figure de modèle sur le continent africain. Dans un rapport du 19 juillet 2017, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) s’est félicitée des politiques de contrôle du tabac mises en place au Sénégal mais aussi au Tchad ou sur l’Île Maurice pour le continent africain.


La loi de 2014 adoptée au Sénégal interdit de fumer «dans les espaces publics», la publicité pour les cigarettes ainsi que l’ingérence de l’industrie du tabac dans les politiques nationales de santé. Selon le texte de loi, «il s’agit de contrer les stratégies utilisées par l’industrie du tabac pour interférer dans les politiques de santé, miner les efforts de lutte anti-tabac et s’opposer aux mesures allant à l’encontre de ses intérêts financiers.» 

L’Afrique en retard dans la lutte contre le tabac
Selon Nivo Ramanandraibe, docteur au sein du bureau Afrique de l’OMS«l'Afrique est très en retard dans la lutte contre le tabagisme aussi bien au niveau des législations qu'au niveau de la lutte citoyenne». En 2012, le ministre ougandais de l’Industrie affirmait même que fumer était un «acte patriotique» car cela rapportait de l’argent au budget de l’Etat grâce aux taxes.

A cause du manque de prévention et des campagnes marketing des marques, l’OMS estime que le tabagisme va exploser à l’horizon 2025 en Afrique. Le nombre de fumeurs y est estimé à 77 millions, et l’OMS prévoit que d’ici à 2025, ce chiffre augmentera de près de 40% par rapport à 2010. Soit la plus forte augmentation observée à l’échelle mondiale. 

Cycle de propagation du tabac dans le monde (OMS)

Et les chiffres sont effrayants. Entre 2010 et 2025, au Congo-Brazzaville, le nombre de fumeurs passerait de 13,9% à près de la moitié de la population (47,1%). Le Cameroun aussi fait partie des pays où la progression du tabac pourrait être la plus importante. Le nombre d'accros à la nicotine s'établirait à 42,7% selon les prévisions de l’OMS contre 13,7% de la population aujourd'hui.

En Sierra Leone, les projections de l’OMS font craindre que 41,2% de la population fumeront en 2030. Un chiffre qui passe à 74% chez les hommes. Une augmentation du tabagisme qui risque d’avoir un coût pour les sociétés africaines. Selon l’OMS, le tabagisme provoque déjà plus de six millions de décès par an dans le monde. 

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