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Harcèlement sexuel : une Egyptienne arrêtée après la diffusion d’une vidéo

Amal Fathi, militante féministe égyptienne, a été arrêtée vendredi après avoir publié sur les réseaux sociaux une vidéo critique des institutions et contre le harcèlement sexuel qui a suscité une vive polémique. Elle est accusée d’«incitation à renverser le régime».
Article rédigé par Mohamed Berkani
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
Temps de lecture : 3min
Amal Fathi, miliitante égyptienne (Photo Facebook) (DR)
«C'est un jour sombre lorsque les autorités égyptiennes sont plus soucieuses de faire taire une femme qui parle du harcèlement sexuel plutôt que de prendre des mesures pour résoudre le problème», dénonce Najia Bounaim, directrice des campagnes d'Amnesty International pour l'Afrique du Nord.
 
Amal Fathi a été incarcérée vendredi après avoir publié une vidéo sur les réseaux sociaux critiquant l'inaction du gouvernement face au harcèlement sexuel et à la dégradation des conditions de vie. Amal Fathi critique de manière virulente les institutions égyptiennes, en particulier la Banque Misr. Elle accuse notamment les hommes de la sécurité de l'une des agences de l'institution bancaire publique de l'avoir lourdement «draguée».  


 
Selon Amnesty International, Amal Fathy a été interpellée chez elle vendredi à 2h30 du matin, en même temps que son mari, Mohamed Lotfy, un avocat spécialisé dans les droits humains. Le couple a été emmené à un commissariat à Maadi, dans le sud du Caire. Mohamed Lotfy a été libéré trois heures plus tard, mais Amal Fathy a été maintenue en détention. Un procureur a ensuite ordonné qu'elle soit détenue pendant 15 jours pour être interrogée.

(Libérez Amal Fathi)
 
Agée de 33 ans,  Amal Fathy est membre du Mouvement de jeunesse du 6 avril, désormais interdit. Le Mouvement des jeunes du 6 avril est un groupe d'opposition égyptien qui a été créé en 2008. Il a joué un rôle-clé avant l'éviction de l'ancien président Hosni Moubarak en 2011. Cependant, après la révolution du 25 janvier, le Conseil suprême des forces armées les a accusés de trahison.

La militante risque une lourde peine. Amel Fathi est, en effet, accusée d’«incitation à renverser le régime égyptien», de «diffusion de fausses rumeurs» et d'«utilisation abusive des réseaux sociaux», selon la Commission égyptienne pour les droits et libertés, une importante ONG locale dirigée par son mari Mohamed Lofti.  


Après la publication de la vidéo, la presse égyptienne pro-régime a largement dénoncé le discours tenu par la militante. Le journal gouvernemental Al-Ahram a ainsi annoncé l'arrestation de «l'auteure de la vidéo insultante contre l'Egypte et les citoyens». 

Amnesty international réclame la libération de la militante égyptienne : «nous appelons les autorités égyptiennes à libérer immédiatement et sans condition Amal Fathi». 




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