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Guinée: en finir avec les mariages précoces et forcés des femmes

Les Guinéennes doivent faire face à différents problèmes. Le principal étant les mariages précoces et forcés. Mais la condition des femmes est aussi mise à mal par des mari violents, des grossesses multiples et mal encadrées, des mutilations génitales. Certaines d'entre elles ont décidé de réagir et de s'organiser pour faire changer les choses.
Article rédigé par Frédérique Harrus
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 3min
Femme comptant son argent au marché de Conakry (OKAN OZER / ANADOLU AGENCY)

Quitter l'école à 14 ans pour épouser un homme choisi par ses parents, c'est le sort réservé à beaucoup de jeunes Guinéennes. 22,8% des filles sont mariées avant leurs 15 ans et 54,6% le sont avant 18 ans.

Mariages et grossesses précoces
Les conséquences néfastes de ces mariages précoces et forcés sont multiples. La première étant des grossesses pour lesquelles le corps des très jeunes filles, à peine sorties de l'enfance, n'est pas prêt. Les décès, tant des mères que des enfants, sont fréquents. Et si tout le monde en réchappe, l'immaturité des jeunes mères est souvent source de mauvais traitements à l'égard des enfants.

Autre lourde conséquence de ces grossesses précoces, selon Seynath Aidara, conseiller technique Genre à l’agence des Nations Unies pour la population (UNFPA): «Il suffit de faire un tour dans les différentes maternités du pays, de voir des petites filles qui ont du mal à donner naissance. Certaines sont obligées d’abandonner l’école. Finalement, elles deviennent des femmes domestiques. En fin de compte, elles se retrouvent sans avenir.» Ce phénomène est très fréquent à l’intérieur du pays, affirme-t-il.

Pourtant, le mariage précoce et forcé est formellement interdit par la Constitution guinéenne. 

Le président  Alpha Condé lui-même ne s'y trompe pas quand il interpelle les chefs religieux sur le sujet et déplore: «J’ai fréquenté certaines sous-préfectures de notre pays, mais j’ai été frappé de voir des filles de 13 à 14 ans avec leurs enfants dans le dos. Ces mariages n’ont pas été faits devant le maire, c’est devant vous les imams.» Et le président de leur demander d'arrêter de cautionner, voire d'encourager cette pratique.

Une résistante
Une autre personne a décidé de s'attaquer à ce phénomène et à toutes les violences en général, mutilations génitales comprises, faites aux Guinéennes. C'est une toute jeune femme de 18 ans, Hadja Idrissa Bah. Très impliquée politiquement dès son plus jeune âge (elle fait partie du parlement des enfants depuis ses 13 ans), elle a créé il y a deux ans le Club des filles leaders de Guinée.

Une enquête nationale sur les violences basées sur le genre réalisée par le gouvernement a révélé que 96% des Guinéennes ont subi des mutilations génitales, plaçant le pays deuxième au classement mondial derrière la Somalie. Mais aussi que 63% des unions sont des mariages forcés et que 85% des femmes ont subi des violences conjugales, 77% des violences en milieu scolaire, 49% des violences sexuelles…

Autant de batailles à mener pour sauver les Guinéennes du sort peu enviable qui est le leur.

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