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Ghana: des écolières interdites de traverser une rivière pendant leurs règles

Les écolières ghanéennes du district d'Upper Denkyira East ont été interdites de traverser une rivière pendant leurs règles et tous les mardis pour des motifs religieux. Les associations pour les droits de l’enfant expriment leur indignation.
Article rédigé par Mohamed Berkani
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
Temps de lecture : 2 min

Elles ne peuvent se rendre à l'école quand elles ont leurs règles ni les mardis. Leur école se trouve après un pont. Or, selon la coutume, pour respecter une divinité locale, les écolières du district d'Upper Denkyira East ne peuvent pas traverser la rivière Ofin, qui sert de frontière entre la région d'Ashanti et la région centrale. «Spirituellement, le dieu de la rivière est un homme né mardi. C'est donc ce jour-là que l'esprit est évoqué et on observe certains rites... Certaines choses sur les femmes, comme la menstruation, sont considérées comme impures. Par conséquent, c'est un tabou pour les femmes de traverser la rivière ce jour-là et pendant la menstruation. C’est ainsi depuis notre enfance», explique Nana Ntiamoah Agyekum II (lien en anglais). 


pour l'ambassadrice de l'Unicef pour l'hygiène menstruelle, Shamima Muslim Alhassan, citée par la BBC (lien en anglais), cette interdiction viole le droit des filles à l'éducation. «Il semble que les dieux sont vraiment puissants, n'est-ce pas?», persifle-elle. «Parfois, je pense que nous devons demander une certaine forme de responsabilité de la part de ces dieux qui continuent d'empêcher beaucoup de choses de se produire, de rendre compte de la façon dont ils ont utilisé l'énorme pouvoir que nous leur avons donné.»


Le directeur de l'école, Francis Turkson, explique que même si les étudiants qui vivent de l'autre côté de la rive à Kyekyewere sont moins de 30, l'effet négatif sur leur travail académique est énorme. «Les enseignants devraient répéter ce qu'ils ont enseigné le mardi. Nous avons parfois reporté les examens du mardi parce que la plupart d'entre eux ne peuvent pas traverser la rivière», se plaint-il à Ghana News.

«Ces filles doivent traverser la rivière pour se rendre à leur école, donc leur interdire de le faire est une violation de leurs droits. Nous avons vu des filles être exclues des rassemblements publics quand elles ont leurs règles car elles sont considérées comme "sales"», a déclaré Asum-Kwarteng Ahensah, directeur national de l’association de défense des droits de l'enfant Plan International Ghana.

Beaucoup de cultures ont des mythes et des tabous autour des règles. En Inde, les femmes et les filles sont souvent considérées comme impures et font l'objet de discriminations durant leurs menstruations. Par exemple, elles peuvent ne pas être autorisées à se rendre au temple ou préparer et toucher certains aliments. A Madagascar, certaines femmes n’ont pas le droit de se laver et au Népal certaines sont obligées de dormir dans des huttes loin du reste de la famille.

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