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Ethiopie: les rivalités pour l'eau et la terre alimentent les conflits ethniques

Au moins 61 personnes ont été tuées le 18 décembre 2017 dans des affrontements inter-communautaires dans la région d'Oromia en Ethiopie. Les tensions récurrentes entre Oromos et Somalis, alimentent un conflit larvé qui a fait des centaines de morts et des dizaines de milliers de déplacés. L’accès à l'eau et à la terre, parfois confisquée et vendue par le gouvernement, est à l’origine du conflit.
Article rédigé par Michel Lachkar
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 2 min
De jeunes Ethiopiens croisent les bras, en signe de protestation, lors d'un festival dans la région d'Oromia, le 2 octobre 2016.  (Reuters / Tiksa Negeri)

En Ethiopie, les tensions intercommunautaires de décembre 2017, ont fait au moins 29 morts chez les Oromos et 32 parmi les Somalis. Ces deux populations s’affrontent dans une spirale d'attaques et de représailles. Elles s’opposent également à l’armée Ethiopienne qui n’hésite pas à tirer sur les protestataires.
En avril 2017 déjà, de violents conflits avaient touché la ville-frontière de Moyale, dans le sud du pays, faisant des dizaines victimes dans les deux communautés.

Rivalités pour l'eau et la terre.
Les violences ont commencé par des rivalités pour l’accès aux ressources en eau et à la terre. Les éleveurs somalis traversent les terres des agriculteurs oromos et convoitent les points d'eau. En 1994, un parti politique de l'opposition connu sous le nom du Front de Libération d'Oromia (FLO) a accusé la province de Somali (éthiopienne) d’empiéter sur ses terres du sud-est.

En 2004, les autorités ont organisé un référendum sur le tracé de la frontière qui sépare les régions Oromia et Somali, les deux plus vastes du pays, avec pour objectif de régler ce conflit territorial.
La consultation a octroyé 80% des districts revendiqués à l'État régional d'Oromia. En décembre 2005, la situation a dégénéré lorsque le gouvernement fédéral a voulu appliquer les résultats du vote, en déplaçant des dizaines de milliers de personnes des deux régions.

L’extension urbaine grignote les terres agricoles
La situation s’est encore envenimée après l’annonce par les autorités de la capitale Addis-Abeba d’intégrer plusieurs municipalités voisines à son plan d’extension urbaine, et par conséquence d’empiéter sur la région Oromo.
Une urbanisation croissante aggravée par une sévère sécheresse, qui a appauvri les nomades somalis. Ils ont perdu leur bétail avec les vagues de sécheresse récurrentes qui les a contraints de se sédentariser. Quelque 5,6 millions d'Ethipiens rassemblés dans des campements avaient besoin (en 2017) d'une aide alimentaire.
Malgré la sécheresse, les meilleures terres des Oromos sont vendues par le gouvernement à des firmes multinationales qui investissent dans le pays pour des productions qui seront le plus souvent exportées.

Répression et ventes de terres agricoles
Beaucoup accusent le gouvernement d'Addis-Abeba, tenu par les Tigréens du nord, d'exploiter les fractures politiques et ethniques afin de réprimer le mécontentement croissant, et de récupérer des terres.
Ces trois dernières années, des milliers de personnes à travers l'Éthiopie, principalement dans les régions d'Oromia et Amhara, se sont soulevées, exigeant davantage de libertés politiques, d'égalité sociale et la fin de la saisie des terres par le gouvernement. La réponse de ce dernier, le plus souvent, brutale, a conduit à des arrestations en masse.

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