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En Egypte, une adolescente de 15 ans, en prison pour avoir tué l’homme qui tentait de la violer

La jeune fille a poignardé celui qui l’a agressée sexuellement en la menaçant avec un couteau.

Article rédigé par Eléonore Abou Ez
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 2min
Des Egyptiennes protestent contre le harcèlement sexuel devant l'opéra au Caire en juin 2014.  (ASMAA WAGUIH / X02458)

En Egypte, une jeune fille de 15 ans est détenue dans un centre pour mineurs depuis juillet 2019. L’adolescente est accusée d’avoir tué un homme de plusieurs coups de couteau. Il s'agit d'un chauffeur de minibus qui a tenté de la violer en la menaçant avec ce même couteau. Une arme qu'elle a retournée contre lui.

Une histoire de harcèlement

Après avoir assené plusieurs coups à son agresseur, Amira s'est rendue dans un commissariat de police en état de choc et a donné sa version des faits. Elle a raconté qu’elle s'était retrouvée seule dans le minibus dans un lieu isolé près du Caire et que le chauffeur en a profité pour lui faire des avances avant de tenter de la violer. C'est à ce moment-là qu'elle a saisi le couteau et l'a tué. Pour elle, pas de doute, c’est de la légitime défense. Seulement voilà, tout n’est pas si simple et la jeune fille mineure a été appelée à vivre une nouvelle épreuve.

Un "test de virginité" 

Peu de temps après son arrestation, Amira a dû faire des examens médicaux comprenant un "test de virginité" pour savoir si elle était vierge au moment de l'agression. Il s’agit d’une procédure légale courante en Egypte à chaque fois qu’une fille porte plainte pour viol. La pratique utilisée par ailleurs lors de la révolution contre les manifestantes pacifistes est jugée dégradante par des féministes et des médecins égyptiens.

Le test de virginité est à lui tout seul une agression. La victime d’un viol ou d’une tentative de viol est agressée deux fois. La pratique n’est pas scientifique et constitue un crime sexuel

Alyaa Gad, médecin égyptienne et éducatrice de santé basée à Zurich

à franceinfo Afrique

Une affaire qui divise

En attendant la fin de l’enquête, la jeune fille reste détenue dans le centre pour mineurs en espérant un verdict clément. Elle a reçu le soutien de nombreuses organisations, mais beaucoup de personnes l’ont déjà jugée responsable de ce qui lui arrive. On lui reproche d’avoir un petit ami, d’être allée seule dans un bus, de ne pas être une fille "respectable", de manquer d'"honneur".

Dans notre société égyptienne, une femme est souvent considérée comme suspecte dans les affaires de viol. Elle est jugée responsable. Il faut punir l’agresseur et pas la victime

Alyaa Gad, médecin égyptienne et éducatrice de santé basée à Zurich

à franceinfo Afrique

Selon les statistiques officielles publiées par le ministère égyptien de l'Intérieur, le nombre de viols commis chaque année est de 20 000. Mais pour les défenseurs des droits de l'Homme, le chiffre est dix fois plus élevé, comme le rapporte le site Egyptian Streets.

Une étude menée en 2013 par les Nations unies souligne que 99,3% des Egyptiennes interrogées affirment avoir déjà été victimes de harcèlement sexuel. Un comportement qui va de la remarque graveleuse à l'agression et au viol.

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