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En Afrique, plus de trois quarts des avortements seraient non sécurisés

Les filles et les femmes se mettent en danger pour contourner l'interdiction imposée dans la majorité des pays du continent.

Article rédigé par Eléonore Abou Ez
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 2min
Une jeune femme malgache se repose chez elle à Anatnanrivo après un avortement clandestin, le 25 juillet 2019. Madagascar interdit totalement l'avortement. (GIANLUIGI GUERCIA / AFP)

A quelques exceptions près, l’accès à l'avortement est presque totalement interdit dans la plupart des pays africains. Les lois restrictives n’empêchent pas pour autant l'interruption volontaire de grossesse qui se pratique en cachette dans des conditions extrêmement dangereuses.

Des avortement à hauts risques

Le Bénin est le dernier pays d'Afrique à avoir rendu l'avortement légal. La loi a été modifiée fin 2021 pour mettre un terme aux avortements clandestins. Au moins 200 femmes mouraient chaque année dans ce pays d'Afrique de l'Ouest en raison des complications survenues lors d'interventions clandestines, hors de tout cadre médical. Et ces pratiques à risque sont très courantes sur le continent, selon les estimations de l'Institut Guttmacher qui a publié en décembre 2020 la première étude exhaustive (lien en anglais) sur la question.

"En Afrique subsaharienne, plus de trois quarts des avortements seraient non sécurisés, ce qui veut dire qu’ils sont pratiqués par une personne non qualifiée ou selon une méthode non recommandée, voire les deux."

Etude de l'Institut Guttmacher

publiée en décembre 2020.


Un taux élevé de mortalité

Le rapport, qui couvre la période de 2015 à 2019, souligne notamment que l'Afrique subsaharienne a le taux le plus élevé au monde de décès liés à l’avortement. Il s'agit là encore d'estimations puisque les données ne sont pas fiables, d’autant plus que ces actes se font clandestinement. On apprend, sans grande surprise, que les femmes ou les filles qui ont recours à l’avortement n’ont jamais souhaité tomber enceinte. Ces grossesses non désirées ne peuvent être interrompues que dans un cadre illégal, puisque l’écrasante majorité des pays africains interdisent l’avortement pour des raisons souvent religieuses. 

"6,2 millions d'avortements non sécurisés interviennent chaque année dans la région. Les conséquences en sont lourdes pour les femmes, les familles et les systèmes de santé."

Etude de l'institut Guttmacher

publiée en décembre 2020

Un manque de ressources

Même dans les quelques pays de la région qui autorisent l'avortement, l'accès à des services sûrs et légaux est souvent limité, comme le précise l’étude. En cause notamment la mauvaise application de la loi, la stigmatisation religieuse et sociale et le manque de ressources en soins de santé et de personnel qualifié.

L’avortement non sécurisé reste la norme et constitue l’une des principales causes de décès maternels en Afrique. Dans la plupart des pays, l’accès à un avortement médicalisé reste très limité et accessible uniquement en cas de danger pour la vie de la mère. Dans d'autres nations, l’avortement reste totalement interdit comme à Madagascar, en Mauritanie ou encore en Egypte. En tout, moins de dix pays autorisent l’avortement sans restrictions strictes, en prenant en compte des raisons socio-économiques.

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