Des dizaines de comptes Facebook impliqués dans des infox en Afrique
Entre 2012 et 2019, près de 300 comptes ont relayé de fausses informations dans plusieurs pays, notamment en Afrique, pendant des périodes électorales. Le tout était géré par une société privée basée en Israël.
Afrique Cachée, la RDC secret, Fier d’être du Niger….Les noms changent, mais le but est le même : manipuler l’opinion en période électorale en multipliant rumeurs et fausses informations. Près de 2,8 millions de personnes sont tombées dans le piège en suivant ces pages sur Facebook.
Dans quels pays ?
Facebook qui a mené une enquête interne cite notamment le Togo, le Sénégal, le Nigeria, le Niger, l’Angola et la Tunisie. Tout porte à croire que la RD Congo est également concernée puisque l’un des exemples donnés concerne l’opposant congolais Martin Fayulu. Les contenus diffusés sont tous liés aux élections et visaient à discréditer un candidat.
Quelle méthode ?
La désinformation n’a rien de nouveau. Avec les réseaux sociaux, sa propagation est plus rapide via de faux comptes. Dans ce cas précis, Facebook en a repéré 65. Certains faux profils se faisaient passer pour des médias locaux ou "indépendants" et publiaient des "révélations", qui ne sont en fait que des publications orientées pour semer le doute avant le scrutin. Selon Facebook, plus de 800 000 dollars ont été dépensés depuis 2012 pour des publicités liées à ces contenus. Une recette inspirée par la Russie et ses "fermes à troll" ou "usines" à fabrication de faux profils sur Facebook.
Qui est derrière ?
Les infox circulent souvent en réseau. Dans ce cas précis, la majorité des faux comptes est gérée par la société commerciale Archimedes Group. Basée en Israël, elle se présente comme une entreprise spécialisée en communication politique. Très peu d’informations sont publiées sur son site internet qui affiche comme slogan "des campagnes gagnantes dans le monde entier". Selon une enquête du Times of Israel, le patron d’Archimedes serait Elinadav Heymann, un ancien cadre des services de renseignements reconverti dans des activités commerciales.
Des erreurs flagrantes
Facebook ne dit pas qui sont les responsables politiques africains ayant eu recours aux services d’Archimedes Group. On ne sait pas non plus si ces faux comptes ont eu un réel impact sur les différentes élections sur le continent.
Un rapport de Digital Forensic Research Lab explique en revanche que certaines pages comprenaient des erreurs criantes dans leurs contenus. La page au ton très patriotique "Fier d’être du Niger" avait comme photo d’illustration une mosquée du Maroc. Une autre page au nom de Tunisie mon amour utilisait comme photos d’illustration des images du Maroc et de la Turquie. La société Archimedes et toutes ses filiales sont désormais bannies de Facebook, mais le problème de la manipulation en ligne est loin d’être résolu.
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