Cet article date de plus de sept ans.
Comment les écoles privées s’implantent en Afrique subsaharienne
La défaillance de l’école publique incite de plus en plus de familles à opter pour un enseignement payant. Les écoles privées se multiplient sur le continent. Certains pensent qu’il s’agit d’une bonne initiative alors que d’autres y voient une prise de contrôle de l’éducation par les entreprises.
Publié
Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Malgré les engagements en faveur d’une éducation pour tous, plus de 40 millions d’enfants restent privés d’école en Afrique subsaharienne, selon une étude de l’Unicef. Et parmi ceux qui ont la chance d’être scolarisés, 38% quittent l’école primaire sans avoir appris à lire, à écrire et à faire des calculs de base. En cause notamment, le manque de moyens investis pour un enseignement de qualité.
L’investissement des entreprises privées
Soutenues par des organisations internationales, par exemple la Banque Mondiale, de nombreuses entreprises privées investissent dans l’éducation en Afrique subsaharienne, comme l’annonce le site de l’ONU AfriqueRenouveau. Des entreprises qui disent vouloir apporter plus d’équité en matière d’éducation. Mais la privatisation de l’enseignement en Afrique subsaharienne fait grincer des dents, notamment du côté des expert de l'ONU. Ces derniers se méfient des «profiteurs de l’éducation», souligne le site des Nations Unies.
L’exemple du Kenya
AfriqueRenouveau cite un rapport de la Global Initiative for Economic, Social and Cultural Rights sur l’impact de la privatisation des écoles au Kenya, qui met en garde contre un développement «à un rythme alarmant» sans surveillance et réglementation de l’Etat. Le rapport souligne par ailleurs que la multiplication d’acteurs privés dans l’enseignement conduit à de fortes inégalités au sein de la société kényane.
Et celui du Nigeria
Une autre étude menée au Nigeria reconnaît que la croissance de l’enseignement privé a élargi l’accès à l’éducation tout en ouvrant la voie à la prolifération d’écoles non agrées et non approuvées qui mettent en péril l’éducation.
«Une alternative à un système défaillant»
Face aux critiques du développement des écoles privées en Afrique, d’autres études pointent les faiblesses de l’enseignement public avec des classes surchargées où les enfants n’acquièrent pas les compétences de base. «Les écoles privées permettent de combler les lacunes (…). Il s’agit d’une alternative à un système d’enseignement public défaillant», précise un rapport de l’Africa-American Institute sur l’éducation en Afrique.
Une question d'argent?
Si l’implantation des écoles privées en Afrique est présentée comme une action de bienfaisance, il ne faut pas oublier qu’il s’agit aussi d’un créneau d’investissement important. Un consortium de sociétés d’investissement s’est déjà lancé dans la création d’une école au Kenya pour un coût de 18 millions de dollars. Des vingtaines d’autres suivront partout en Afrique, selon le site AfriqueRenouveau.
«Dans les cinq prochaines années, 25 millions d’enfants supplémentaires devraient rejoindre des écoles privées, si bien qu’un enfant sur quatre, issu de toutes sortes de milieux, sera inscrit dans une école privée en 2021», montre un rapport publié par l’entreprise d’investissement Caerus Capital.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.