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Au Maroc, les manifestations de la soif secouent le sud du pays
Les médias marocains les appellent «les manifestations de la soif». La population du sud du pays réclame une alimentation régulière en eau potable. Une situation due à la sécheresse et à une mauvaise gestion. Les forces de l’ordre ont interpellé plusieurs manifestants, en particulier des jeunes.
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A Zagora, fin septembre, les femmes sont descendues dans la rue, des bidons vides à la main pour protester contre la pénurie d’eau. Des bidons qui rappellent aussi les dépenses qu'il faut consentir pour boire. La tension est vive dans cette ville de 30.000 habitants de la région du Drâa-Tafilalet, près de la frontière algérienne. L’eau est distribuée au compte-gouttes. Quelques heures par jour au mieux. Et encore, elle est saumâtre, imbuvable.
Des quartiers sans eau
Parmi les protestataires, rapporte Telquel, se trouvaient les habitantes du quartier les «Widadiyate», quatre lotissements regroupant 450 familles. Construits il y a vingt ans, les logements ne sont toujours pas raccordés, ni à l’électricité ni à l’eau potable. On appelle l’endroit «le quartier assoiffé». La crise fait ressortir des situations qui illustrent l’incompétence des autorités.
Comble de l’ironie, pour quelques litres d’eau par jour, les factures sont particulièrement… salées, selon les habitants. «Je paie une facture de 300 dirhams mensuels, mais en même temps, je suis obligé d'acheter de l'eau à boire. C'est une double peine», explique un manifestant au journaliste. D’ailleurs, la population en veut aussi aux autorités locales, accusées de laxisme. Et comme dans le Rif, les gens réclament «liberté, dignité, justice sociale».
En fin de manifestation, des incidents ont éclaté entre jeunes et forces de l’ordre. 23 personnes ont été interpellées, douze mineurs ont été placés sous contrôle judiciaire.
Une gestion archaïque
La pénurie d’eau n’est pas accidentelle. Certes, ici, les pluies sont faibles et rares. Mais la ressource est inégalement partagée. L’agriculture pompe allègrement dans la nappe phréatique. Selon les chercheurs, la sécheresse ne touche pas que Zagora. «C'est le cas aussi pour le Moyen-Atlas, Rhamna, le Rif (...), la raréfaction des pluies pousse à une surexploitation des nappes phréatiques dans tout le pays», explique Abdelmalek Ihazrir à l’AFP.
Les pouvoirs publics commencent à s’inquiéter de ce mouvement de protestation. Après Al-Hoceima, au nord, ils ne voudraient pas voir partir un nouveau feu au Sud. Le roi Mohammed VI a ordonné la mise en place d’une commission. Histoire de calmer les esprits plus que de trouver une solution en quelques mois, comme on le lui demande.
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