C'est un exode permanent qui frappe le nord du Burkina Faso. La région se vide peu à peu de ses habitants piégés par les attaques de groupes jihadistes. Des hommes armés arrivent à moto dans un village, tirent sur la foule, tuent des passants et en forcent d’autres à quitter leurs foyers. Nabyla*, 13 ans, a échappé au pire il y a sept mois. Elle a fui son village vers le Sud où elle est hebergée dans une famille locale. Des hommes armés sont venus, ils ont tué et enlevé des habitants, nous avons eu peur (…) En me souvenant de notre fuite, je réalise combien je suis heureuse iciNabyla, 13 ans, déplacée au Burkina FasoPlus de 300 000 enfants privés d’écoleNabyla* a quitté sa maison dans la précipitation sans rien emporter. L’adolescente a fui avec sa mère, ses frères et sœurs en espérant pouvoir trouver un toit et de quoi se nourrir. Sa plus grande crainte ? Etre "rattrapée" par les hommes armés. L’école, elle n’y pensait plus. La sienne avait sans doute fermé comme des milliers d'autres à travers le pays. Un phénomène qui s'amplifie depuis deux ans. Selon les derniers chiffres officiels du ministère de l'Education nationale, au moins 2 300 établissements ont fermé dans les régions touchées par l’instabilité. Ainsi, plus de 320 000 enfants sont aujourd'hui déscolarisés et privés d'éducation au Burkina Faso.La fermeture d’écoles et la promiscuité exposent les enfants à des risques. (…) Ils peuvent être exploités, abusés sexuellement et parfois recrutés par des groupes armésBureau de l'Unicef au Burkina FasoL'éducation malgré toutNabyla* a pu reprendre l’école grâce à l’aide de l’Unicef et de ses partenaires sur place. Le Fonds des Nations unies pour les enfants construit des classes supplémentaires pour faire face à l’afflux des déplacés. Près de 60 000 enfants ont été soutenus et encadrés grâce à des projets prévus en situation d’urgence, comme par exemple l’éducation par la radio ou la mise en place d'espaces d’apprentissage temporaire.Mais les besoins sont énormes et nécessitent des financements. Cent millions de dollars sont nécessaires pour répondre à la crise humanitaire au Burkina Faso où le nombre de déplacés est de 600 000 aujourd’hui. C'est dix fois plus qu'il y a un an, soulignent de nombreuses organisations internationales. C'est la crise humanitaire qui grossit le plus vite au mondeJan Egeland, secrétaire général du Conseil norvégien pour les Réfugiés*Le prénom a été changé