Cet article date de plus de sept ans.

Maroc: retrait de Guerguerat, le Polisario campe sur ses positions

Le Front Polisario persiste et signe: pas question de faire la moindre concession au Maroc au lendemain de l’annonce de son retrait de la zone contestée de Guerguerat au Sahara Occidental. Les indépendantistes sahraouis qualifient l'événement de «poudre aux yeux».
Article rédigé par Martin Mateso
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 4min
Un garde armé d'une Kalachnikov dans sa case, le 3 février 2017 dans la zone d'Al-Mahbes, au Sahara Occidental. C'est là que le Maroc a érigé un mur de sécurité sur plusieurs kilomètres.  (Photo/AFP)

A la surprise générale, le Maroc a annoncé le 27 février son retrait unilatéral de la zone de Guerguerat, un no man’s land de quelques kilomètres carrés à la frontière avec la Mauritanie, dans le sud-ouest du Sahara Occidental.
 
L’armée marocaine y avait entamé à la mi-août 2016 la construction d’une route goudronnée, au-delà de son mur de défense. Une barrière de sable qui marque la limite du Sahara Occidental sous contrôle marocain. Le Front Polisario n’avait pas tardé à mener des incursions dans la zone contestée, qu’il considère comme faisant partie de ses territoires libérés.
 

«Une manœuvre de diversion»
Depuis Alger, l’Ambassadeur de la République Arabe Sahouie Démocratique en Algérie a contesté la réalité du retrait marocain. Invité par la chaine 1 de la radio algérienne, le diplomate affirme que «les forces marocaines n’ont retiré que leurs équipements, alors qu’elles demeurent présentes tout le long du mur de défense qu’elles ont érigé elles mêmes».
 
Citant le président de la RASD (République Arabe Sahraoui Démocratique), Brahim Ghali, l’Agence officielle sahraouie SPS affirme que l’annonce marocaine relève «d’une manœuvre de diversion». Le Front Polisario considère «ce retrait de quelques centaines de mètres» comme «de la poudre aux yeux», indique un communiqué du Mouvement publié à Alger.
 
Aucun retrait sahraroui n’a donc été annoncé de la zone. Des sites pro-Polisario ont même diffusé une vidéo de véhicules 4X4 du Polisario, paradant sur la route contestée avec des hommes en armes.


Pour le site d’information algérien TSA, la direction sahraouie pense sans doute avoir marqué un point et elle ne veut pas y renoncer même si la France et l’Espagne le lui ont demandé. Le site prête au chef du Polisario la volonté de sortir le conflit de l’oubli dans lequel il est plongé depuis le cessez-le-feu de 1991.
 
«Pour Ghali, déterrer la hache de guerre, ne serait-ce que brièvement, c’est aussi démontrer à cette jeunesse sahraouie, avide de reprendre les armes, qu’il tient compte de ses aspirations», analyse le site algérien.

Pas question de perturber la fluidité du trafic 
Mais si le Maroc a annoncé le retrait de la zone de Guerguerat, le Roi Mohamed VI a insisté auprès du Secrétaire général de l’ONU pour que soit garantie «la fluidité du trafic» vers la Mauritanie. Il s’agit pour Rabat d’un axe routier essentiel pour les échanges entre le Maroc et l’Afrique subsaharienne.
 

Pas sûr que les indépendantistes du Front Polisario accèdent à cette requête. Pour la presse marocaine, la balle est désormais dans le camp du Secrétaire général de l’ONU.
 
«Si le Polisario refuse de se retirer et continue d’entraver la circulation, l’ONU devra intervenir, et si elle ne le fait pas, gageons que le Maroc le fera», prévient un site d’information marocain cité par l’AFP.

Le regain de tension dans la zone de Guerguerat a fait craindre une possible reprise des hostilités au Sahara Occidental, ancienne colonie espagnole passée sous le contrôle du Maroc et revendiquée par le Front Polisario. Ce dernier réclame un référendum d’auto-détermination alors que Rabat propose une autonomie sous sa souveraineté.
 
Dans sa première déclaration à la tribune de l’Union africaine à Addis Abeba en février 2017, le chef du Front Polisario a annoncé que son mouvement n’excluait aucune option, y compris la lutte armée pour obtenir l’indépendance du pays. Il répondait ainsi au chef de la diplomatie marocaine, Nasser Bourita, qui avait affirmé devant la presse que son pays ne «reconnaît pas, et ne reconnaîtra jamais, cette entité fantoche».

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.