Rwanda : Paul Kagame réélu président avec plus de 98% des voix
La victoire de président sortant ne semblait faire aucun doute depuis le plébiscite par référendum d'une modification de la Constitution lui permettant de briguer un nouveau mandat de 7 ans.
Nouveau mandat pour Paul Kagame. Le chef de l'Etat sortant, qui dirige le Rwanda d'une main de fer depuis 23 ans, a obtenu une victoire écrasante à l'élection présidentielle, en étant réélu avec plus de 98% des voix, selon des résultats partiels divulgués samedi 5 août.
La Commission électorale a publié dans la nuit des résultats portant sur 80% des bulletins dépouillés, qui donnent Paul Kagame très largement en tête avec 98,66% des suffrages exprimés, ses deux adversaires recueillant chacun moins de 1%. Elle estime par ailleurs que 97% des 6,9 millions d'électeurs inscrits ont voté.
Visionnaire pour les uns, despote pour les autres
Avant même le scrutin, une large victoire de Paul Kagame, 59 ans, un visionnaire pour les uns, un despote pour les autres, qui briguait un troisième mandat de sept ans, était attendue. Ses deux adversaires – l'indépendant Philippe Mpayimana et Frank Habineza, leader du Parti démocratique vert, le seul parti d'opposition au Rwanda – étaient passés inaperçus dans une campagne phagocytée par le Front patriotique rwandais (FPR), parti contrôlant toutes les sphères de la société.
Conscient de n'avoir quasiment aucune chance de l'emporter, Frank Habineza s'était cependant réjoui que pour "la première fois depuis 23 ans un parti d'opposition se trouve sur les bulletins de vote". Dans le Rwanda post-génocide, seuls des candidats indépendants ou alliés à Paul Kagame avaient jusque-là pu se présenter à l'élection présidentielle.
La victoire de président sortant ne faisait aucun doute depuis le plébiscite par référendum en décembre 2015 – 98% des voix – d'une modification de la Constitution lui permettant de briguer un nouveau mandat de 7 ans et potentiellement de diriger le pays jusqu'en 2034.
"Il n'y a pas d'élection au Rwanda, juste un couronnement"
Paul Kagame est l'homme fort du Rwanda depuis que le FPR a renversé en juillet 1994 le gouvernement extrémiste hutu ayant déclenché un génocide qui a fait 800 000 morts entre avril et juillet 1994, essentiellement parmi la minorité tutsi. Le président rwandais est crédité du spectaculaire développement, principalement économique, d'un pays exsangue au sortir du génocide. Mais il est aussi accusé de bafouer la liberté d'expression et de réprimer toute opposition.
De nombreuses voix critiques ont été emprisonnées, forcées à l'exil et pour certaines assassinées. Des observateurs assurent que les candidatures concurrentes ne sont qu'une "façade" à destination de la communauté internationale. Selon Robert Mugabe, un des rares journalistes rwandais ouvertement critiques, "il n'y a pas d'élection au Rwanda, juste un couronnement".
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