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Voyager en République démocratique du Congo : la mort aux trousses

Le même mois, le déraillement d’un train et un naufrage sur le lac Kivu rappellent que se déplacer dans le pays est une affaire hautement risquée.

Article rédigé par Jacques Deveaux
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Un homme transporte un sac de farine sur un pont détruit sur la route entre Zongo et Libenge, en République démocratique du Congo. (FEDERICO SCOPPA / AFP)

Le 12 septembre 2019, un train de marchandises déraille à Nyemba, dans la province du Tanganyika. Les différents bilans varient entre dix et cinquante morts. Car des voyageurs ont curieusement pris place à bord de ce train de fret. "Certainement des clandestins qui parfois s’arrangent avec certains travailleurs pour se déplacer", explique Steve Mbikayi, le ministre congolais des Actions humanitaires et de la Solidarité nationale.

Des clandestins encore, parmi les victimes (32 morts et 78 blessés) du déraillement sur la ligne Ilebo-Kananga dans la province du Kasaï, le 17 mars 2019. Le train de marchandise a déraillé au passage d’un pont et est tombé dans la rivière Luembe. "C’est l’absence ou la rareté des trains à passagers qui explique cet engouement des passagers à prendre un moyen de transport non approprié", explique le Phare Online. "Privée de routes qui sont depuis belle lurette dans un état d’impraticabilité totale, la population n’a que la voie ferrée comme unique moyen de communication pour se déplacer."

Le pays compte 5000 kilomètres de voies ferrées, ce qui est peu, vu sa superficie (30 000 km en France). On trouve quatre réseaux non connectés, des standards différents, issus de la période coloniale, construits dans un but industriel d’exploitation des matières premières. Faute d’entretien, les accidents sont de plus en plus nombreux. Moderniser le réseau coûterait des millions de dollars et sa répercussion sur le prix du billet serait intenable pour des voyageurs très pauvres. Aussi, le développement du rail en RDC ne peut s’entendre que subventionné.

Côté routes, la situation est pire encore. Sur 58 000 kilomètres de routes d’intérêt général, moins de 3000 étaient revêtus en 2005. Pour de nombreux usagers, les voyages, surtout à la saison des pluies, sont un calvaire.

Le danger aquatique

Le fleuve Congo, avec ses affluents Kasaï et Oubangui, forme un réseau de 25 000 kilomètres de voies navigables. Ajoutez-y les Grands lacs à l’est du pays, ceci fait que la voie d’eau est une alternative à la route très prisée, mais elle est encore moins sûre. Les naufrages sont récurrents en RDC, que ce soit sur les cours d’eau ou sur les fleuves. En moins de six mois, on compte plus de 200 morts sur le territoire.

Embarquement au port de Brazzaville pour traverser le fleuve Congo. (PATRICK FORT / AFP)

-Dans la nuit du 14 au 15 septembre 2019, une baleinière fait naufrage sur le Congo près de Kinshasa. Le drame est survenu à un endroit où le courant du fleuve est fort, sans qu’on en connaisse précisément les causes. 36 personnes sont portées disparues, 76 ont été secourues.

-Août 2019 : 15 morts lors du naufrage d’une pirogue à Bukavu sur le lac Kivu.

-Mai 2019 : le naufrage d’une baleinière sur le lac Mai-Dombe a fait au moins 32 morts.

-Avril 2019 : naufrage sur le lac Kivu, 142 noyés.

Vétusté des embarcations, non-respect des règles de sécurité – notamment absence de gilets de sauvetage et surcharge , manque de balisage sur des fleuves dangereux... les causes des naufrages sont multiples. Parfois même, les pilotes ne connaissent rien aux règles de navigation.

Dans un tel contexte, de nombreux habitants ne comprennent pas la politique de désenclavement vers les pays voisins. "Voilà pourquoi nous disons qu'il faut réhabiliter les routes pour relier nos provinces avant de penser à relier la RDC aux pays étrangers", estime une contributrice sur Twitter.

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