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RDC : la Miba, société minière de diamants, peine à relancer ses activités

Article rédigé par franceinfo Afrique avec AFP
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La Miba a été pendant longtemps l'une des principales entreprises de République démocratique du Congo. Obligée de fermer, puis rouverte en 2011, elle cherche à relancer l’extraction du diamant.

En République démocratique du Congo, Miba, la société minière d’extraction de diamants de Bakwanga, a été longtemps l'un des fleurons de l'économie du pays. Après plusieurs années à l’arrêt, elle a redémarré peu à peu en 2011. Mais aujourd’hui ses affaires ne sont plus aussi lucratives…

9 photos de Marthe Bosuandole et Arsene Mpiana illustrent ce propos.

Créée en décembre 1961 dans la province du Kasaï-Oriental (centre), la société minière de Bakwanga (en abrégé Miba) est en charge de l'extraction du précieux diamant. Détenue à 80% par l'Etat congolais et à 20% par Sibeka, société de droit belge, cette entreprise publique peut se targuer d'avoir été l'"une des grandes sociétés contributrices à l'économie nationale", raconte l’AFP. Dans les années 1980, elle faisait vivre 40 000 personnes, employés et leurs familles.    (MARTHE BOSUANDOLE / AFP)
Mais minée par la mauvaise gestion, le délabrement de ses installations, les détournements et le pillage des ressources, notamment durant les guerres du Congo (1997 et 2003), l’entreprise a inexorablement baissé en activité. Et Mbuji-Mayi, la "capitale du diamant" congolais, une ville construite par la Miba a perdu de son éclat.   (ARSENE MPIANA / AFP)
Au début des années 2000, Miba produisait en moyenne six millions de diamants par an. Mais lors de la crise financière de 2008, criblée de dettes et touchée par la chute des cours, l’entreprise a été obligée d’arrêter totalement ses activités. Elle a dû attendre 2011 pour pouvoir redémarrer.      (MARTHE BOSUANDOLE / AFP)
En 2020, un audit gouvernemental a relevé "d'importants dysfonctionnements" à la Miba et le chef de l'Etat Félix Tshisekedi (lui-même originaire du Kasaï) a alors fait limoger le conseil d'administration. Il a débloqué cinq millions de dollars pour "remettre à flot cette société qui hier encore constituait la fierté de toute la nation".    (MARTHE BOSUANDOLE / AFP)
Si, depuis, "l'exploitation a repris en vue de la relance", déclare à l'AFP Raphaël Mukadi Tshindundu, directeur technique de la Miba, cette somme "n'est pas suffisante", ajoute-t-il. "La mine est opérationnelle, l'exploitation est en cours, mais à un niveau minimum." Sur les cinq millions reçus, trois ont servi "à la réhabilitation de l'usine de traitement du diamant de Disele" et à "l'achat d'une usine complète et neuve de traitement de diamant d'une capacité de 200 tonnes par heure". Mais cette nouvelle usine de fabrication chinoise attend encore dans des conteneurs d'être installée.    (MARTHE BOSUANDOLE / AFP)
M. Mukadi explique que les minerais extraits sont transportés à Disele, à une dizaine de minutes de route argileuse. Ici, "on réduit tous les produits à 150 mm à l'aide d'un débourbeur, un crible vibrant qui enlève la boue et le sable. (...) Après, on sépare le diamant d'avec ses accompagnateurs naturels." D'une capacité de 50 tonnes par heure, l'usine de Disele, déjà réhabilitée en 1996, tourne 24h/24, et a besoin d’énergie électrique en permanence.     (MARTHE BOSUANDOLE / AFP)
Puis les pierres nettoyées sont acheminées au "bureau de classement du diamant" où une dizaine d'employés, courbés sur leur comptoir, trient les pierres. Situé dans un banal conteneur, l'endroit est l'un des plus surveillés du pays. A l'entrée et à la sortie, tout le monde (agents, cadres ou ouvriers…) passe sous un portique et est fouillé par des agents de sécurité. On doit entrer les mains vides, sans sac, ni téléphone.    (MARTHE BOSUANDOLE / AFP)
Dans la région, la reprise des activités de la Miba est loin d'être ressentie par les habitants de Mbuji-Mayi. "Si les activités avaient effectivement repris, la vie allait reprendre, l'argent allait circuler", déclare à l’AFP Alphonse Ilunga, acheteur de diamants à Lupatapata, grand centre d'exploitation artisanale de la pierre précieuse, à 17 km de Mbuji-Mayi.    (ARSENE MPIANA / AFP)
"Quand la société tournait encore, il y avait un service d'entretien des routes et des maisons. Quand les tôles étaient rouillées, on les remplaçait automatiquement", se souvient avec regret Mpoy Bilenga, un ancien conducteur de véhicule de transport de minerais. Son logement, propriété de la Miba, est en mauvais état et il ajoute attendre depuis sa retraite en 2012, le versement de sa pension. Mais à 70 ans, il n'est plus sûr de rien : "Plusieurs d'entre nous sont décédés sans l’avoir touchée", dit-il à l’AFP.  L’épouse d'un ouvrier de la Miba ajoute également : "Qu'on paie aux travailleurs leurs salaires" à la fin du mois pour "nous permettre de prendre en charge les frais scolaires de nos enfants".    (ARSENE MPIANA / AFP)

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