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RDC: «L'Homme qui répare les femmes», un film entre interdiction et polémique

La République Démocratique du Congo a interdit la diffusion du documentaire «L'Homme qui répare les femmes» de Thierry Michel et de Colette Braeckman consacré au Dr Denis Mukwege. Si plusieurs voix se sont élevées contre cette décision, la journaliste Colette Braeckman reproche à son coauteur d'avoir «torpillé» les négociations entamées en vue d'une levée éventuelle de l'interdiction.
Article rédigé par Falila Gbadamassi
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Le gynécologue Denis Mukwege. (Photo du film «L'Homme qui répare les femmes - la colère d'Hippocrate»)

Les Congolais ne verront pas de si tôt la dernière œuvre du cinéaste belge, Thierry Michel, consacré à leur compatriote, le gynécologue Denis Mukwege, dont le travail auprès des femmes victimes de viols dans l'Est du pays a été salué dans le monde entier. L’œuvre a été interdite en République Démocratique du Congo (RDC) par le ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement Lambert Mende.

A l’origine, un véto militaire et une bisbille linguistique. Le porte-parole du gouvernement a pointé des «calomnies tacitement exprimées dans ce film contre l’armée congolaise» et des erreurs de traduction dans les témoignages recueillis. 

Des erreurs contestées par le réalisateur Thierry Michel. «Il faut reconnaître que ça peut arriver, une erreur de traduction ou de sous-titrage. Mais là, suite à cette remarque, nous avons fait expertiser le film par une journaliste tout à fait reconnue swahiliphone qui parle à la fois swahili et mashi de la RTBF. Et puis, nous avons pris un expert swahiliphone et un expert en traduction mashi. Et aucun des trois n'a trouvé la moindre erreur de traduction ou de sous-titrage», s'est défendu le cinéaste, rapporte Radio Okapi.


Thierry Michel a «renforcé sa propre position de victime de la censure»
L’interdiction du film a été dénoncée par de nombreuses organisations internationales. La dernière en date est celle l'ONU par la voix de Martin Kobler, le chef de la Mission des Nations unies en RDC (Monusco). Il a estimé dans un communiqué, publié le 9 septembre 2015, que la décision du gouvernement congolais constituait «une atteinte inadmissible à la liberté d’expression». Quelques jours plus tôt, la secrétaire générale de l’Organisation internationale de Francophonie (OIF), Michaëlle Jean, s’exprimait dans des termes similaires en soulignant, par ailleurs, que cette interdiction constituait aussi une atteinte «à liberté de création et surtout au droit à l’information».

Seulement, la coauteure du documentaire L’Homme qui répare les femmes et auteure du livre qui a donné en partie son titre au film, la journaliste belge Colette Braeckman, met en cause Thierry Michel. Selon elle, après la décision d’interdire la diffusion du film en République démocratique du Congo (RDC), «une voie de négociation demeurait ouverte». Mais elle estime que le réalisateur l’a «torpillé(e)» dans un article publié sur son blog.

Le cinéaste a «rendu vains sinon ridicules les efforts de plusieurs personnes qui s’étaient efforcées de trouver une solution à l’amiable, car elles pensaient que la priorité devait être donnée au droit de la population congolaise à voir ce film qui lui était destiné», poursuit la journaliste du quotidien Le Soir. Et de conclure que «sur le plan médiatique international, le réalisateur, en plus de décrédibiliser le pouvoir congolais, a assuré la publicité de son film et renforcé sa propre position de victime de la censure…»

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