"La corruption tue" : Transparency International dénonce les défaillances des systèmes de santé en Afrique
La pandémie de Covid-19 a mis en évidence le manque criant de moyens sur le continent.
L'Afrique subsaharienne est une fois encore parmi les régions les moins bien classées en matière de lutte contre la corruption, selon Transparency International. Une corruption généralisée qui a des retombées directes sur la santé, comme l’a montré la pandémie du Covid-19. Durant la crise sanitaire, des actes de corruption ont été rapportés dans le monde entier, souligne le rapport de l'organisation et l’Afrique subsaharienne est malheureusement un terrain favorable à cette malveillance. Faux tests de dépistage PCR, faux médicaments, surfacturation de soins, détournement des aides alimentaires… Les exemples sont nombreux et montrent que la corruption n’a pas de limites et n’épargne pas les situations d’urgence.
"Bien que la corruption diffère en termes d’ampleur et de portée selon les régions, elle s’est révélée être un obstacle universel à la lutte efficace contre le Covid-19"
Transparency internationaldans son rapport
Un système de santé défaillant
Toujours selon le rapport de Transparency International sur l’indice de perception de la corruption, la pandémie de Covid-19 a mis en évidence la fragilité des systèmes de santé en Afrique. La plupart des pays manquent de médicaments et d'équipements comme les appareils de respiration mécanique, nécessaires pour traiter les cas sévères. La capacité d'accueil est très limitée dans les services des soins intensifs de la majorité des hôpitaux publics. Ce manque de moyen criant est parfois lié au détournement des fonds d’investissements publics indispensables pour mettre en place un système de santé digne de ce nom.
"La corruption tue, tant est prégnant le lien entre corruption et défaillances des systèmes de santé, de l'accès au soin, ou du développement des services publics"
Transparency internationaldans son rapport
Fraudes et détournements de fonds publics
Lors de cette pandémie, des protestations ont eu lieu dans de nombreux pays du continent pour dénoncer les conditions économiques, mais aussi la corruption et de l’utilisation abusive des fonds d’urgence.
En Afrique du Sud, par exemple, un audit des dépenses liées au Covid-19 a révélé des surfacturations, des fraudes et de la corruption. Au Nigeria, les organisations de la société civile ont dénoncé les rapports faisant état d’une mainmise des Etats sur les médicaments lors de la crise sanitaire. Au Zimbabwe, un des pays les plus pauvres au monde, la distribution de nourriture et d’aide humanitaire était réservée, dans certaines régions, aux partisans du parti au pouvoir, comme l’avait signalé Amnesty international (lien en anglais).
L'Afrique au bas du classement
Transparency International souligne qu'il est très difficile de fournir des données exhaustives et précises sur la corruption dans un pays et encore moins dans les pays corrompus. L’organisation, qui publie un classement annuel, se base sur des sondages d’opinion pour tenter d’évaluer les niveaux de perception de la corruption dans le secteur public. Et le score est le plus bas en Afrique avec une moyenne de 32 sur une échelle de 1 à 100.
Trois pays se distinguent positivement : les Seychelles (66), Botswana (60) et le Cap vert (58). Au bas de la liste, on trouve le Soudan, la Somalie et le Soudan du Sud, où la situation politique et sécuritaire est particulièrement instable. Le rapport souligne également la mauvaise performance de la République démocratique du Congo (16) qui accuse un net recul au niveau de la lutte contre la corruption.
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