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Joseph Kabila: en RDC, «la crise de légalité est désormais ouverte»

La transition s’annonce chaotique en RDC alors que le deuxième et dernier mandat du président Joseph Kabila s'est achevé dans la confusion. Les ultimes négociations menées sous la médiation de l’Eglise catholique n’ont pas permis de trouver un compromis avec le pouvoir pour une transition consensuelle. L'opposant Etienne Tshisekedi appelle le peuple à ne plus reconnaître Kabila.
Article rédigé par Martin Mateso
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 5min
Joseph Kabila, au pouvoir à Kinshasa depuis 2001. Son deuxième mandat s'est achevé le 19 décembre 2016 à minuit. Pour ses opposants, «la crise de légalité est désormais ouverte». (Photo AFP/Carl De Souza)

Dans une vidéo mise en ligne sur Youtube, l'opposant histotique Etienne Tshisekedi appelle le peuple congolais à ne plus reconnaitre Kabila. «Je lance un appel solennel au peuple congolais à ne plus reconnaître l'autorité de Monsieur Joseph Kabila, à la communauté internationale de ne plus traiter avec Joseph Kabila au nom de la République démocratique du Congo», déclare Monsieur Tshisekedi.

Son parti, l'UDPS estime que «la crise de légalité est désormais ouverte» en RDC. Depuis plusieurs mois il a mobilisé «ses combattants» pour pousser le président Kabila vers la sortie. Mais en vain. Ils se disent prêts à faire respecter la Constitution.
 
«Kabila va marcher sur des cadavres»
«C’est simple, explique un militant, s’il ne respecte pas la Constitution, on le chassera.» Les activistes de l’opposition se préparent au pire, comme cet étudiant interrogé par l’AFP: «Ils ont des armes, nous n’en avons pas, mais nous n’avons pas peur. Ce sera le chaos au Congo. Kabila va marcher sur des cadavres.» A ses côtés, un autre étudiant rappelle que l’article 64 de la Constitution stipule que tout Congolais doit faire échec à ceux qui prennent le pouvoir par la force ou l’exerce en violation de la Constitution.
 
La tension est montée d’un cran après l’annonce de la suspension de la médiation menée sous l’égide des évêques catholiques du Congo. Ils ont tenté, en vain, de trouver un compromis sur l’organisation d’une transition consensuelle entre le pouvoir et l’opposition. D’où l’appel lancé par l’Eglise catholique à la population pour qu’elle privilégie la paix.
 
«Nous n’avons qu’un seul pays. Et nous ne devons pas nous employer à le détruire. A la population, aux jeunes particulièrement, je demande de ne pas se laisser manipuler par ceux des politiciens qui ne militent que pour leur intérêt personnel», a lancé sur radio Okapi l’abbé Donatien Nshole au nom de la Conférence épiscopale nationale du Congo.

Un opposant monte la garde sur une barrière érigée dans la rue menant au domicile de l'opposant historique Etienne Tshisekedi à Kinshasa le 19 décembre 2016. (Photo AFP/Eduardo Soteras)

Le pouvoir est resté sourd à la pression internationale
Alors que le mandat de Joseph Kabila s'est achevé le 19 Décembre à minuit, l’élection présidentielle qui devait permettre de lui trouver un successeur n'a pas pu être organisée. Le pouvoir congolais a invoqué des raisons d’ordre logistique et financier.

Au terme d'un arrêt très controversé de la Cour constitutionnelle, Joseph Kabila a été autorisé à rester en fonction au delà de son mandat, jusqu'à ce que son successeur soit élu. Cette disposition a été validée par un accord passé avec une fraction minoritaire de l'opposition qui a accepté le report de l'élection présidentielle au mois d'avril 2018. La grande majorité de l'opposition a tout rejetté en bloc.
 
La peur d’une explosion est ressentie bien au-delà de la RDC, jusqu’à Bruxelles, la capitale de l’ancienne puissance coloniale. La Belgique a appelé ses ressortissants à quitter le pays. Mais leur évacuation semble déjà compromise.
 
Selon le quotidien belge La Libre, les autorités congolaises ont interdit l’accès à leur territoire à l’avion militaire belge qui transportait l’équipe chargée de préparer une éventuelle évacuation.
 
La pression exercée par la communauté internationale sur le président Kabila n’a produit aucun effet. L’union européenne et Washington ont infligé une série de sanctions financières à des hauts responsables de l’appareil sécuritaire de la RDC accusés de violences et d’entrave au processus électoral. Des sanctions qualifiées d’illégales par Kinshasa qui dénonce «un chantage de l’Occident».
 
Coupure et filtrage des réseaux sociaux
Arrivé au pouvoir en 2001 après l’assassinat de son père, Joseph Kabila ne donne aucun signe de vouloir en partir, alors que la Constitution lui interdit de se représenter.
 
Et pas question de permettre à ses opposants de s’organiser pour faire pression sur son pouvoir considéré désormais comme illégal. Depuis Dimanche, les autorités ont ordonné la coupure ou le filtrage des réseaux sociaux.
 
Une mesure qualifiée de dérisoire par les jeunes activistes congolais qui disent s’inspirer de la situation au Burkina Faso. Là bas, d’immenses manifestations de rue avaient entraîné en 2014 la chute du président Blaise Compaoré après 27 ans au pouvoir.
 
«Je ne vois pas ce qui peut arrêter un peuple affamé, assoiffé et déterminé», lâche un jeune militant de l’opposition qui affirme ne rien attendre de la communauté internationale. Un cri partagé par des millions de laissés-pour-compte dans ce pays aux immenses richesses naturelles

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