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A Kinshasa, de vrais autobus remplacent les «esprits de mort»

Annoncés depuis plusieurs mois, ils sont là. Une cinquantaine de bus flambant neufs, importés d'Egypte mais arborant le sigle d'une prestigieuse firme allemande, ont commencé à circuler dans le centre de Kinshasa. Une révolution dans cette ville de 10 millions d'habitants qui, jusque là, disposait d'un réseau de transports en commun en mauvais état et particulièrement dangereux.
Article rédigé par Pierre Magnan
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 3min
Un des nouveaux bus en circulation à Kinshasa (République Démocratique du Congo). (Junior D. Kannah / AFP)

Pour commencer, ces bus ne circulent que sur deux lignes de la capitale de la République Démocratique du Congo. Ces deux axes, refaits à neuf par les Chinois, le boulevard du 30 juin 1960 et l'avenue de la Libération, ont été choisis car ils sont parmi les seuls carrossables de la ville...

Pour les Kinois (les habitants de Kinshasa), les nouveaux autobus, dont les chauffeurs sont formés par la Régie autonome des transports parisiens (RATP), disposeront officiellement de 26 places assises et de 110 places debout, un nombre de passagers qui devrait en réalité être bien plus important, tant les Kinois sont habitués à se serrer dans les autobus et taxis collectifs.

«Respecter les arrêts»
Sur ces nouvelles lignes, les Kinois ne pourront plus descendre n'importe où comme avant et devront respecter les arrêts. «Il nous faut respecter les arrêts de bus. Une manière de rompre avec les vieilles habitudes où on pouvait monter et descendre partout le long de la chaussée. Evidemment, les arrêts ne sont pas partout, soit vous descendez un peu avant votre arrêt ou après l’arrêt», a remarqué un passager cité par Radio Okapi.


Preuve de l'importance de ce nouveau mode de transport, c'est le président Kabila en personne qui a inauguré le nouveau réseau dont les bus sont surnommés «Matata», du nom du premier ministre qui s'est impliqué dans la naissance de ce réseau.

«Esprit de mort»
Ailleurs, des camionnettes privées brinquebalantes continueront d'assurer le transport des millions de Kinois par des voies étroites et embouteillées. Ces camionnettes, équipées de bancs de bois et surnommées «esprits de mort» en raison de leur dangerosité transportent entre 20 et 30 personnes. Leur réservoir est généralement un bidon placé entre les jambes du chauffeur, elles n'ont ni vitre ni rétroviseur, peu de freins. Le contrôleur est la plupart du  temps juché à l'extérieur.

Un bus appelé «esprit de mort» par les Kinois, en raison de sa dangerosité, accidenté dans une rivière. (Junior D. Kannah / AFP)

Récemment, l'une d'entre elles est tombée dans une rivière après avoir heurté une voiture. Les 29 passagers sont morts. «"Esprit de mort" est un surnom qui inquiète. Il correspond à une certaine réalité, compte tenu du nombre impressionnant d’accidents mortels que ces bus provoquent d’une façon récurrente parmi les passagers, voire les paisibles citoyens voulant traverser la route, ou bien marchant le long de la route», raconte l'agence de presse congolaise.

Reste à savoir si le nouveau réseau va durer, car comme le dit le journal l'Observateur: «De mémoire de Kinois, l'histoire nous renseigne que toutes les entreprises de transport qui ont eu à œuvrer à Kinshasa particulièrement, sont mortes faute d'une gestion managériale orthodoxe. Des responsables placés à de hauts niveaux au sein de ces entreprises soufflaient sur les recettes sans se soucier du reste. Ainsi, la mauvaise gestion, le détournement de deniers publics, le clientélisme et autres maux s'y étaient pratiquement institutionnalisés. Du DG au contrôleur du bus, tous avaient "un mot à dire" sur les recettes.»

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