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RD Congo : les rebelles du M23 annoncent un cessez-le-feu

Le chef du M23 ordonne la "cessation des hostilités" contre l'armée régulière.

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Temps de lecture : 3min
Un soldat rebelle du M23, sur une colline au-dessus de Bunagana, dans le Nord-Kivu (RD Congo), le 23 juillet 2013. (PHIL MOORE / AFP)

C'est peut-être la fin de la guerre en République démocratique du Congo (RDC). Le président des rebelles du M23 a ordonné à tous ses combattants, dimanche 3 novembre, de cesser immédiatement les hostilités avec l'armée congolaise. "Nous ordonnons la cessation immédiate des hostilités avec les Forces armées de la République démocratique du Congo" (FARDC) "pour permettre la poursuite du processus politique", a annoncé Bertrand Bisimwa en référence aux négociations en cours à Kampala.

Pourquoi le M23 veut-il cesser les combats ?

Après être parvenu à conquérir des villes stratégiques, comme Goma, le mouvement est acculé. Le M23 a été mis en déroute, ces derniers jours, par les Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC), avec le soutien de la Mission des Nations unies pour la stabilisation de la RDC (Monusco). L'ordre du chef a été publié en début d'après-midi, alors que les troupes gouvernementales pilonnaient les dernières positions rebelles : quelques collines à environ 2 000 d'altitude, aux confins du Rwanda et de l'Ouganda. Entre 200 et 300 combattants, avec un stock de munitions important, y sont retranchés depuis que l'armée a repris mercredi la dernière place forte du M23, la localité voisine de Bunagana, à 80 km au nord de Goma, capitale du Nord-Kivu.

Les rebelles auraient été lâchés par le Rwanda et l'Ouganda, les deux pays accusés par les Nations unies de les soutenir. "Il y a eu une grosse pression de la diplomatie anglo-saxonne sur [le président rwandais Paul] Kagame pour lui demander de ne pas bouger", indique un diplomate à Kinshasa. L'Ouganda aussi a été "mis en garde" et a effectivement "renforcé les contrôles à la frontière pour que les combattants [rebelles] ne passent pas", note un expert militaire.

Est-ce la fin de la guerre en RD Congo ?

La question se pose encore. Tout dépend de l'obéissance ou non des commandants militaires du M23, dont certains sont loin de partager  les choix de la branche politique du mouvement. "Les combats continuent. En tout cas, pour nous déloger d'ici, ce sera difficile", avait déclaré le porte-parole militaire des rebelles, Vianney Kazarama, quelques minutes avant que ne parvienne le communiqué de Bertrand Bisimwa.

Plus tard dans l'après-midi, des combats avaient toujours lieu et s'étaient même plutôt intensifiés. Les tirs des FARDC visaient plusieurs flancs de la colline de Mbuzi, objectif assigné en début de journée par le général, Lucien Bahuma, commandant de l'armée pour le Nord-Kivu, province agricole dont le sous-sol regorge de ressources minières convoitées.

Est-ce la mort du M23 ?

Né d'une mutinerie d'anciens rebelles intégrés dans l'armée après un accord de paix, le M23 est l'énième avatar de la rébellion tutsi dans le Nord-Kivu. Il y dispose encore d'une certaine assise populaire. Ce qui fait penser à plusieurs spécialistes qu'il pourrait bien renaître sous une autre forme, si le gouvernement congolais ne prend pas sa part des engagements de l'accord-cadre régional d'Addis-Abeba. Dans ce traité signé en février par 11 pays africains, la RDC promet de promouvoir la démocratisation et le désarmement de toutes les milices, notamment celles qui harcèlent les populations tutsi.

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