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Guinée : treize ans après, le procès du massacre du stade de Conakry

L’ancien chef de la junte et dix autres accusés devraient être jugés pour les exactions du 28 septembre 2009.

Article rédigé par franceinfo Afrique avec AFP
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Temps de lecture : 2 min
Dans cette photo d'archive prise le 28 septembre 2009, la police guinéenne arrête un manifestant devant le plus grand stade de la capitale Conakry lors d'une manifestation interdite par la junte au pouvoir en Guinée.  (SEYLLOU / AFP)

En exil depuis 2009, l’ancien chef de la junte militaire, Moussa Dadis Camara, est de retour en Guinée pour répondre devant un tribunal de sa responsabilité présumée dans le massacre du 28 septembre 2009 dans le stade de Conakry, la capitale guinéenne. Un procès inédit dans un pays marqué par des régimes autoritaires et des années d’impunité.

Un procès historique


Il aura fallu du temps, de la détermination et des pressions internationales pour que les responsables du massacre soient emmenés à rendre des comptes. Onze personnalités gouvernementales et militaires de haut rang vont être jugées. A leur tête, l’homme qui dirigeait le pays en 2009, le capitaine Moussa Dadis Camara. Du jamais vu en Guinée où l’impunité est érigée en "institution", selon la commission internationale qui a enquêté sur cette tuerie de masse.
 

L’ouverture de ce procès permettra aux victimes de faire un pas important vers une justice dont elles ont grandement besoin après les crimes horribles commis dans le stade

Elise Keppler, directrice adjointe du programme Justice internationale à Human Rights Watch

HRW



  

Que s'était-il passé? 

Des dizaines de milliers de Guinéens s’étaient rassemblés pacifiquement le 28 septembre 2009 au stade de Conakry pour dissuader le chef de la junte militaire guinéenne au pouvoir de se présenter à l’élection présidentielle. La manifestation interdite par le capitaine Dadis Camara a été brutalement réprimée par ses hommes. Ils sont entrés dans l'enceinte, ont bouclé les accès et ouvert le feu sans discrimination sur la foule. Tirs à bout portant, coups de machette, viols collectifs…Une violence inouïe qui a fait au moins 156 morts et des milliers de blessés. Les exactions sont constitutives de crimes contre l'humanité selon un rapport de la Commission d'enquête internationale. 
 
 

Une pression internationale  


La Cour pénale internationale (CPI) a suivi cette affaire depuis le début. Mais cette juridiction n’intervient que lorsque les tribunaux nationaux sont incapables ou ne souhaitent pas enquêter sur des crimes graves et poursuivre leurs auteurs. Sous pression, la Guinée s’était officiellement engagée à le faire. Une très longue enquête a été menée mais le procès a été plusieurs fois reporté

En juillet dernier, le chef de la junte actuelle, Mamady Doumbouya, a annoncé que le procès s’ouvrirait avant la commémoration du massacre en 2022. Les associations des victimes redoutent un nouveau report après treize ans d’attente. "Nous espérons avoir une justice claire, transparente pas (une) parodie de justice", a affirmé à l'AFP Asmaou Diallo, présidente de l'Association des victimes, parents et amis du 28-Septembre 

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