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Al Baghdadi, le «fantôme de Daech» annoncé aux confins du Tchad et du Niger

En déroute, certains soldats perdus de l’EI ont pu quitter l’Irak et la Syrie pour le Sahel, considéré comme un terrain favorable pour poursuivre le combat. Leur chef, l'énigmatique Abu Bakr Al Baghdadi, aurait pu y trouver refuge, à en croire des sources irakiennes et égyptiennes. Si Daech est très affaibli, le retour de milliers de combattants africains inquiète les pays de la région.
Article rédigé par Michel Lachkar
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min

Malgré la traque des forces spéciales américaines et britanniques, «le chef de l’EI, Abu Bakr Al Baghdadi, aurait réussi à quitter l’Irak. Il serait même, à en croire le quotidien britannique The Sun et  le site Iraki News, aux confins du Tchad, du Niger et de la Libye.»  

«Al Baghdadi a fui l’Irak à destination de l’Afrique, dans l’espoir de rassembler ses troupes et relancer son organisation», affirme dans le journal britannique un ancien dirigeant de la Jamaa al-Islamiyah, l’Egyptien Najeh Ibrahim, qui se base sur ses contacts parmi les combattants de l’EI. Il est même plus précis: Abu Bakr Al Baghdadi «a pris ses quartiers dans le nord du Tchad, dans les montages du Tibesti.»

Al Baghdadi, un leader fantôme
L’homme dont la mort a été plusieurs fois annoncée serait toujours en vie, selon l’expert Irakien Hashim Hashimi et commanderait toujours ce qui reste de son organisation. «Il n’a nullement l’intention d’abandonner son projet du califat», assure Hashim Hashimi dans une interview au journal britannique Le Guardian. «Parmi les 79 chefs militaires de l’organisation, 10 seulement sont toujours en vie. Certains ont réussi à rejoindre leur "calife" en Afrique.»

Même son de cloche pour le spécialiste égyptien Sameh Eid: «Al Baghdadi est probablement en Afrique, après que les membres du groupe aient fui l'Irak et la Syrie. L’Afrique et l’Afghanistan étant actuellement les deux endroits "les plus sûrs" pour se cacher et reprendre des forces.» Le sud de la Libye est, selon Sameh Eid, le champ de bataille stratégique qui permet d’avoir accès à l'Egypte, considérée comme un pays clé (et un bastion islamiste).

Selon Najeh Ibrahim, les montagnes du nord du Tchad et du Niger sont considérées comme des abris où il peut se cacher, la sécurité des pays de la région étant jugée défaillante. «La pauvreté et les tensions, qui caractérisent ces pays, aideront au recrutement des candidats au jihad.»

Nasser al-Hawari, expert libyen, affirme que le groupe cherche à fédérer le plus grand nombre de cellules terroristes en Libye, au Tchad, au Niger et au Soudan.

Sérieuse source d’inquiétude
Preuve que l’inquiétude est réelle, le ministre algérien des Affaires étrangères, Abdelkader Messahel, a exprimé les préoccupations de son pays face «au retour de près de 6000 Africains enrôlés dans l’organisation terroriste Daech. (...) Le retour de ces combattants de Daech préoccupe l’Algérie et toute la communauté internationale», indique-t-il.

Les attaques djihadistes au Nord-Mali ne faiblissent pas, elles ont tué 24 soldats maliens près de Tombouctou et de Menaka les 28 et 29 janvier 2018. Ces attaques contre des poste militaires interviennent deux jours après la mort de 26 civils, tués par l'explosion d'une mine à Boni, dans le centre du pays. Depuis 2015, les attaques se sont étendues au Burkina Faso et au Niger.

Si la présence d’Al Baghdadi au Sahel se confirme, les pays de la région et la France vont devoir redoubler d’efforts pour empêcher le chef de Daech de reconstituer son organisation aujourd’hui affaiblie. Cette information, relayée à ce jour par la presse britannique, algérienne et tunisienne, tombe à point pour mobiliser les troupes et les financements. La France et ses alliés du G5-Sahel se préparent à un combat difficile.

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