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Nigeria: la France, un partenaire clé dans la lutte contre Boko Haram

Quelle stratégie pour neutraliser le groupe terroriste Boko Haram qui fait des ravages au Nigeria et dans ses pays voisins? Quelle coopération apporter aux armées de ces pays qui font face au terrorisme? Le président nigérian, Muhammadu Buhari, a convié à Abuja ses partenaires occidentaux pour tenter d’y répondre. Son homologue français, François Hollande, sera à ses côtés le samedi 14 mai 2016.
Article rédigé par Martin Mateso
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 4min
Le président français, François Hollande, accueille son homologue nigérian Muhammadu Buhari, lors de sa visite à Paris, le 14 septembre 2015. (Photo AFP/Dominique Faget)

Parmi les partenaires occidentaux du Nigeria, la France sera le seul pays à être représenté au plus haut niveau au sommet régional d’Abuja, consacré à la lutte contre Boko Haram.
 
Le président François Hollande y a été précédé, le 28 avril 2016, par son ministre de la Défense. Avec les autorités d’Abuja, Jean Yves Le Drian a finalisé une feuille de route sur la coopération militaire franco-nigériane.
 
La France, un partenaire clé
Dans la bataille menée contre le groupe terroriste Boko Haram, la France est devenue un partenaire clé du Nigeria. Le partenariat initié entre les deux pays en décembre 2014 s’est traduit par l’échange croissant de renseignements militaires.
 
La France fournit au Nigeria des images satellitaires ainsi que des images prises par ses chasseurs Rafale qui survolent la zone du lac Tchad où sévit Boko Haram. Une vaste région comprenant le Tchad, le Cameroun, le Nigeria et le Niger.
 
Selon l’entourage du ministre français de la Défense, 2000 dossiers images auraient déjà été remis aux autorités d’Abuja. Des Nigérians sont aussi formés à l’interprétation d’imagerie par le renseignement militaire français.
 
Le document opérationnel signé par les armées française et nigériane détaille plusieurs actions à mener d’ici à la fin 2016. Elles portent notamment sur la lutte contre les engins explosifs artisanaux, au sauvetage au combat et aux exercices militaires transfrontaliers et maritimes conjoints avec les pays voisins du Nigeria.
 
Selon une source militaire française, Abuja devrait aussi consulter Paris notamment en matière d’acquisitions de blindés légers et de drones.
 
Les chefs d'Etat de la coalition anti-Boko Haram étaient les invités du président François Hollande à Paris le 17 mai 2014 pour un sommet sur la sécurité consacré à la lutte contre Boko Haram. (Photo AFP/Alain Jocard)

Des avions destinés à la lutte antiguérilla
La France n’est pas le seul pays occidental à s’engager dans la bataille contre Boko Haram. Les Etats-Unis et la Grande-Bretagne aussi. Les deux pays ont d’ailleurs été conviés au sommet régional d’Abuja sur la sécurité.
 
Américains et Britanniques forment déjà au Nigeria des fantassins et des unités de combat inter-armes. Les Etats-Unis disposent de 300 soldats au Cameroun dans le cadre d’opérations de renseignement et de surveillance, notamment avec des drones. Washington envisage aussi de vendre au Nigeria des avions spécialement destinés à la lutte antiguérilla pour combattre les islamistes de Boko Haram.
 
Trois fois plus de victimes en 2015 qu’en 2014
Boko Haram a subi d’importants revers ces derniers mois face aux offensives des armées de la région. Le groupe a été chassé de la quasi-totalité des localités qu’il contrôlait au Nigeria, mais il conserve toujours un important pouvoir de nuisance. Les djihadistes ont multiplié les attentats-suicides, très économes en moyens, et qui font énormément de dégâts parmi les populations civiles.
 
Selon des ONG de défense des droits de l’Homme, les attaques de Boko Haram ont fait trois fois plus de victimes en 2015 qu’en 2014. Les insurgés lancent désormais des raids sur des villages reculés à cheval, à vélo ou même à pied.
 
«Lenteur du soutien international»
Les chefs d’Etat de la coalition anti-Boko Haram (Nigeria, Tchad, Cameroun, Niger) souhaitent que le président François Hollande, mais aussi les Etats-Unis et la Grande Bretagne, intensifient leur soutiens à la force multinationale mixte mise en place pour combattre le groupe terroriste. Une force d’environ 8.000 hommes qui manque cruellement de logistique, de moyens de communication et de transport.
 
«Plusieurs engagements ont été pris par les bailleurs de fonds internationaux et les partenaires stratégiques en vue d’un soutien à la force, mais on n’a rien vu de concret sur le terrain», déplore le général nigérian Lamidi Adeosun, chef de la force régionale.
 
Le général Lamidi assure que ses troupes donnent le meilleur d’elles mêmes, avec les moyens de leurs Etats, mais que le travail serait mieux si elles recevaient plus de soutiens extérieurs.

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