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Nigeria : des centaines de personnes manifestent leur soutien à deux étudiants suspectés d'avoir tué une camarade chrétienne

Deux jeunes ont été arrêtés après le meurtre jeudi d'une camarade accusée de blasphème à l'égard du prophète Mahomet.

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
L'entrée de la ville de Sokoto (NIgeria), le 22 septembre 2021. (PIUS UTOMI EKPEI / AFP)

Des centaines de personnes ont manifesté à Sokoto, dans le nord-ouest du Nigeria, pour protester contre l'arrestation de deux étudiants à la suite du meurtre d'une étudiante chrétienne accusée de blasphème. Des dizaines d'étudiants de l'école Shehu Shagari ont lapidé jeudi Deborah Samuel puis brûlé son corps après avoir lu un commentaire qu'elle avait posté sur les réseaux sociaux, considéré comme offensant à l'égard du prophète Mahomet.

La police a ensuite annoncé avoir interpellé deux hommes et rechercher d'autres suspects apparaissant sur une vidéo du meurtre qui a circulé sur les réseaux sociaux. En réaction, de jeunes musulmans sont descendus dans les rues de Sokoto pour exiger la libération des deux détenus, selon des habitants. Certains des manifestants se sont rendus au palais de Muhammad Sa'ad Abubakar, sultan de Sokoto et plus haute figure islamique au Nigeria, qui a condamné le meurtre et demandé que les coupables soient traduits en justice.

Un couvre-feu de 24 heures décrété

"Les forces de sécurité déployées pour protéger le palais ont demandé aux manifestants de partir, mais ils sont devenus incontrôlables", a déclaré un autre habitant, qui vit près du palais. "Les policiers et les soldats ont lancé des grenades lacrymogènes et tiré en l'air et ont réussi à disperser la foule". La foule en colère s'est ensuite repliée dans le centre-ville où elle a tenté de piller des magasins appartenant à des chrétiens, mais elle a été dispersée par les forces de l'ordre, selon un autre habitant.

Le gouverneur de Sokoto, Aminu Waziri Tambuwal, a exhorté les manifestants à rentrer chez eux. Après le "triste incident qui s'est produit à l'école Shehu Shagari jeudi et aux développements de la matinée dans la métropole [de Sokoto], je déclare, avec effet immédiat, un couvre-feu (...) pour les prochaines 24 heures", a-t-il déclaré dans un communiqué. "Tout le monde doit, s'il vous plaît, dans l'intérêt de la paix, rentrer chez lui." Le président du Nigeria, Muhammadu Buhari, a "fermement condamné" le meurtre de Deborah Samuel, affirmant que "personne n'a le droit de se faire justice soi-même".

Le Nigeria, géant de 215 millions d'habitants divisé de manière presque égale entre un Nord majoritairement musulman et un Sud majoritairement chrétien, est l'un des pays les plus religieux au monde. Dans l'islam, le blasphème, en particulier contre le prophète, est passible de la peine de mort selon la charia, instaurée en 2000 dans 12 Etats du nord nigérian. Les tribunaux islamiques, qui fonctionnent parallèlement au système judiciaire étatique, ont déjà prononcé des condamnations à mort pour adultère, blasphème ou homosexualité, sans qu'aucune exécution n'ait eu lieu jusqu'à présent.

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