Les attentats anti-chrétiens au Nigéria
Pays le plus peuplé d'Afrique avec quelque 160 millions d'habitants, le Nigeria est divisé entre un nord majoritairement musulman et un sud à dominante chrétienne plus riche grâce au pétrole. On estime à environ 71 millions le nombre de chrétiens présents au Nigeria, soit près de 45 % de la population de ce pays, selon le quotidien La Croix.
Depuis mi-2009, Boko Haram a multiplié, essentiellement dans le nord, les attentats et coups de mains contre les membres des forces de sécurité, les responsables gouvernementaux et les lieux de culte chrétiens.
Les chrétiens du nord cible de Boko Haram
Trois églises de l’Etat de Kaduna, dans le nord du Nigeria, ont été la cible le dimanche 17 juin d'attentats suicides à la voiture piégée revendiqués par la secte islamiste.
Des explosions ont d'abord visé à quelques minutes d'intervalle des églises de Zaria, la cathédrale catholique du Christ Roi et l'église évangélique de la Bonne Nouvelle. Un troisième attentat a visé une église de la ville de Kaduna, capitale de l'Etat du même nom.
Ces attaques, au cœur des deux principales villes de la province, ont fait au moins 50 morts et 150 blessés, provoquant en retour des représailles de jeunes chrétiens en colère et une flambée de violences interconfessionnelles au lourd bilan de plus d’une centaine de personnes tuées au cours de la semaine qui a suivie.
Une semaine auparavant déjà, des attentats revendiqués par les islamistes de Boko Haram avaient visé deux églises du centre et du nord-est du Nigeria, faisant quatre morts, dont un kamikaze, et une cinquantaine de blessés.
Selon l'Association chrétienne du Nigeria, principale organisation chrétienne du pays qui dénonce un «nettoyage religieux systématique», ces attentats sont des indications claires que Boko Haram, a déclaré la guerre aux chrétiens et au christianisme au Nigeria.
«Boko Haram veut le nettoyage ethnique au nord et les chrétiens sont l'objectif». «Ce n'est pas un petit épisode mais une extermination systématique» des chrétiens. «La stratégie perverse de Boka Haram est de provoquer une guerre civile», affirme Andrea Riccardi, ministre italien de la Coopération internationale et fondateur de la Communauté Sant'Egidio, un mouvement proche du Vatican, dans une interview à La Repubblica (18-06-12). Cette communauté de laïcs catholiques, surnommée les «casque blancs» du pape, très impliquée dans les actions en faveur de l'Afrique, milite pour le dialogue et la recherche de la paix.
L’ONU évoque des crimes contre l’humanité
Le Haut commissariat de l'ONU aux droits de l'homme (HCDH) s’est déclaré extrêmement préoccupé par la vague de violences et de tueries causées depuis le 17 juin par la nouvelle série d'attentats contre des églises situées dans des villes de la province de Kaduna.
Le Haut commissariat a indiqué (22-06-12) que les islamistes de Boko Haram, au Nigeria, pourraient être accusés de crimes contre l'humanité s'ils venaient à être jugés d'avoir commis des attaques systématiques généralisées contre des civils.
«Des actes délibérés conduisant au ‘nettoyage’ de la population sur des motifs fondés sur la religion ou l'origine ethnique reviendraient aussi à un crime contre l'humanité», a déclaré le porte-parole du Haut commissariat, Rupert Colville.
Trois chefs de Boko Haram sur la liste noire américaine
Les Etats-Unis ont annoncé le 21 juin avoir placé sur leur liste noire du terrorisme international trois dirigeants du groupe islamiste nigérian Boko Haram: Abubakar Muhammad Shekau, présenté par le département d'Etat comme le principal dirigeant du groupe et habituellement considéré comme son numéro un, Khalid al-Barnawi et Abubakar Adam Kambar. Selon les Etats-Unis, ces deux derniers hommes sont des proches d'Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), une organisation inscrite sur la liste noire américaine.
«Au cours des 18 derniers mois, Boko Haram ou des militants qui lui sont liés ont tué plus d'un millier de personnes», assure le département d'Etat. «Sous la direction de Shekau, Boko Haram a revendiqué de nombreuses attaques dans le nord du Nigeria, sa zone d'opération originelle», ajoute-t-il.
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