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Conflit Suisse-Nigeria sur le sort d'un pétrolier arraisonné

Depuis plus d’un an, un navire battant pavillon suisse est retenu par les autorités nigérianes au large de Port Harcourt, au sud du pays. Quatre hommes sont encore à bord et, de guerre lasse, la Suisse menace d’intenter une action contre le Nigeria auprès du Tribunal international du droit de la mer.

Article rédigé par Jacques Deveaux
France Télévisions
Publié
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Le "San Padre Pio" de l'armement suisse ABC Maritime. (ALBIN PINARD)

Le San Padre Pio est un pétrolier de 110 m de long appartenant à la compagnie suisse ABC Maritime. Il a été arraisonné en janvier 2018 dans les eaux territoriales du Nigeria. Une affaire obscure. Selon le chef des forces navales nigérianes, Ibok Ekwe Ibas, l’équipage est accusé de trafic illégal, de violation du territoire et de contrebande de diesel près du champ pétrolifère d’Odudu.

Ce que nie le commandant ukrainien du navire, Andriy Vaskov, qui affirme avoir en sa possession les documents nécessaires au transport de la marchandise. Selon lui, la cargaison venait de Lomé au Togo et le pétrolier attendait de décharger pour le compte de son partenaire Blue Sea Marine.

Selon les autorités nigérianes, le San Padre Pio s'apprêtait à transférer les 5000 tonnes de pétrole transporté dans de plus petites unités, lorsque les forces nigérianes sont montées à bord.

Quatre officiers toujours à bord

A l’exception de quatre officiers restés à bord pour l’entretien, les douze hommes d’équipage ont été libérés. Depuis, la situation est figée. La Confédération helvétique a essayé sans succès la voie diplomatique. Selon le département fédéral des Affaires étrangères, "cette situation est difficile à supporter pour les officiers concernés".

L’armateur suisse que nous avons contacté se refuse lui, à tout commentaire. "Cela reste du ressort des autorités suisses et nous ne sommes pas en mesure de faire d’autres déclarations", nous a transmis un porte-parole du groupe.

Le département fédéral des Affaires étrangères nous a transmis le communiqué suivant :"Pour la Suisse, le fait que le navire soit arrêté constitue une violation du droit international. Les procédures prévues selon la Convention des Nations unies sur le droit de la mer offrent une possible voie afin de sauvegarder les intérêts de la Suisse ainsi que ceux des entreprises concernées eu égard également aux quatre officiers retenus sur le navire."

Les limites ont semble-t-il été franchies aux yeux du Conseil fédéral suisse parvenu à la conclusion "que la Suisse devrait utiliser pleinement tous les moyens disponibles pour protéger ses intérêts". Le sort des quatre membres d’équipage n'est pas sa seule préoccupation, du reste, ils sont ukrainiens. Selon le journal Tages Anzeiger (lien en Allemand), Berne a aussi des intérêts financiers tangibles : le pétrolier a été financé avec des garanties de la Confédération. Sa perte retomberait immanquablement sur les finances publiques.

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