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Boko Haram affaibli par les luttes intestines et les revers militaires

Boko Haram est affaibli par des luttes intestines, une faction dissidente du groupe djihadiste nigérian conteste le pouvoir brutal du chef de l’organisation Abubakar Shekau. De son côté, l’armée nigériane, aidée par le renseignement occidental, inflige des revers militaires à l’organisation. Les contacts établis par Boko Haram avec al-Qaïda au Sahel et l' EI en Libye sont aujourd'hui coupés.
Article rédigé par Michel Lachkar
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 3min
Abubakar Shekau, chef aujourd'hui contesté de Boko Haram (janvier 2015). (afp/ HO/ vidéo de Boko Haram )

De violents combats opposent depuis plusieurs semaines deux factions rivales du groupe djihadiste Nigérian Boko Haram. Le chef de l'organisation Abubakar Shekau, qui avait prêté allégeance à l'Etat Islamique en mars 2015, n’aurait pas hésité à liquider plusieurs de ses commandants.
 
Des membres du camp Shekau ont également été tués dans l'Etat de Borno (nord-est du Nigeria) par un groupe rival dirigé par Abou Mosab al-Barnaoui.
 
Soldats nigérians en opération dans un village pillé par Boko Haram (Etat de Borno, 29 mars 2016). (AFP/Anadolu Agency)

Luttes intestines
«Il y a eu des morts, les combattants de Shekau ont dû fuir», affirme un milicien, Babakura Kolo, cité par l’AFP. «Des centaines de villageois pris en otage avec leur bétail par les combattants de Shekau en fuite ont été libérés par les hommes de Barnaoui.»
«Après chaque attaque, les combattants de Barnaoui expliquent aux villageois que le clan Shekau s'est éloignés du vrai "djihad" (guerre sainte), qu'ils tuent des innocents, pillent leurs biens et brûlent leurs maisons, des actes contraires aux enseignements de l'islam», rapporte un habitant.
 
Al Barnaoui reproche à Shekau ses attaques indiscriminées contre les civils, majoritairement musulmans : villages rasés, hommes massacrés, femmes et enfants capturés dans les campagnes, et dans les villes, attentats-suicides sanglants contre mosquées, marchés ou gares routières.

Fils du fondateur de Boko Haram
Abou Mosab al-Barnaoui, 22 ans, serait selon les experts, le fils de Mohamed Yusuf, leader spirituel et fondateur de la secte Boko Haram au début des années 2000.
Au départ, Mohamed Yusuf, prédicateur à Maiduguri formé en Arabie Saoudite, lance Boko Haram pour contester «les valeurs occidentales», accusées d’être responsables de la corruption et de l’immense pauvreté de la population. Boko Haram signifie «l'enseignement occidental est un pêché».
Son organisation entre en scène par une attaque contre des postes de police fin 2003. Le mouvement n’a cessé d’élargir sa base sociale et géographique dans la population délaissée du nord du pays.
 
Après la mort du «charismatique» Mohamed Yusuf, abattu par la police, son bras droit Abubakar Shekau le remplace à la tête de l’organisation. Boko Haram entre dans la clandestinité et pratique rapidement la terreur. Boko Haram a depuis perdu l'essentiel de son ancrage populaire.
 
Depuis un an, le président nigérian Muhammadu Buhari épaulé par la Force multinationale (Nigeria, Tchad, Niger, Cameroun) inflige des revers importants à Boko Haram. L’armée nigériane bénéficie d’une aide logistique et en renseignement des Etats-Unis, de la Grande-Bretagne et la France.

Menace réduite
«La menace Boko Haram est endiguée près des frontières avec le Niger, le Tchad et le Cameroun», affirme le général Patrick Brethous, ancien commandant de la force militaire Barkhane au Sahel. Le groupe n'a plus que deux réduits près du lac Tchad et dans la forêt de Sambisa où avaient été cachées les lycéennes enlevées en 2014 à Chibok.
Un rapt massif de 200 lycéennes dont on est toujours sans nouvelle. Si Boko Haram a prêté allégeance à L'Etat Islamique, il reste un mouvement local. «Boko Haram ne semble  pas avoir établi de connections (trafics d'armes, formation de combattants...) avec la branche de l'EI installée en libye», affirme le général Brethous.

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