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Boko Haram : Abubakar Shekau mort ou vif ?

Abubakar Shekau, le chef du groupe terroriste Boko Haram, est aux abonnés absents dans la dernière vidéo du mouvement islamiste. Les spéculations vont bon train sur son sort au moment où le nouveau président nigérian Muhammadu Buhari veut repenser avec ses voisins sa stratégie de lutte.
Article rédigé par Falila Gbadamassi
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Abubakar Shekau, le leader de Boko Haram. Capture d'écran de la vidéo publiée par Boko Haram le 17 février 2015.  

 (AFP PHOTO/BOKO HARAM)

L'absence du leader de Boko Haram dans une récente vidéo de propagande, rendue publique le 2 juin 2015, soulève des questions, rapporte le quotidien britannique The Telegraph. Le journal souligne qu'Abubakar Shekau a toujours joué un rôle central dans ces productions. 

Des soldats auraient confié au Daily Telegraph le mois dernier qu'Abubakar Shekau avait fui le pays, indique The Telegraph. Il aurait même rasé sa barbe. Les autorités nigérianes ont annoncé la mort du chef terroriste à plusieurs reprises mais l'information n'a jamais pu être confirmée. 

«L'Etat islamique en Afrique de l'Ouest» résiste
Dans sa dernière apparition en février dernier, Abubakar Shekau promettait de perturber les élections générales de mars 2015. Sa disparition des écrans relance les suspicions de luttes de pouvoir au sein du groupe terroriste, notamment depuis son allégeance à Daech, même si aucune preuve tangible n'a été apportée pour valider cette théorie, souligne le site d'information du groupe de presse nigérian Vanguard. 

Dans la récente vidéo publiée par Boko Haram, c'est un jeune homme cagoulé qui s'est fait le porte-parole de «L'Etat islamique en Afrique de l'Ouest», le nouveau nom que s'est choisi l'organisation terroriste après l'annonce de son allégeance. Le terroriste dit s'exprimer de la forêt de Sambisa, dans l'Etat de Borno, dans le nord du Nigeria, à la frontière avec le Cameroun.

«Les armées prétendent, dans les médias, qu'elles ont capturé nos villes et qu'elles ont attaqué (la forêt de) Sambisa et qu'elles nous ont vaincu», a-t-il déclaré, cité par l'AFP. «Je jure par Allah que je parle en ce moment de Sambisa (où) vous pouvez voyager pendant quatre ou cinq heures sous le drapeau noir de l'Islam, en voiture ou à moto».

Buhari veut se débarrasser de la «secte démoniaque» avec l'aide de ses alliés 
Ces déclarations interviennent au moment où le nouveau président nigérian Muhammadu Buhari souhaite que la stratégie de lutte contre Boko Haram soit repensée. Son armée vient d'ailleurs d'être accusée de crimes de guerre par Amnesty International dans sa chasse aux terroristes. 

Le chef de l'Etat a réaffirmé à Niamey (Niger) mercredi 3 juin 2015, lors de son premier déplacement depuis son investiture, que «le commandement militaire (nigérian) (...) se (rapprocherait) du théâtre du conflit». C'est-à-dire qu'il sera déplacé d'Abuja, capitale fédérale, à Maiduguri, capitale de l'Etat de Borno où est né le mouvement. Dans la même journée du 3 juin, cette ville du Nord a été le théâtre d'un nouvel attentat qui a fait au moins dix-huit victimes, selon un dernier bilan.  

Après le Niger, Muhammadu Buhari est arrivé au Tchad jeudi 4 juin 2015, seconde étape d'une tournée qui l'amène à la rencontre de ses voisins et alliés, indispensables selon le président, dans la guerre contre les islamistes nigérians. Il a indiqué qu'il s'entretiendrait également avec son homologue camerounais. Ces trois pays se sont engagés officiellement dans le combat contre les terroristes aux côtés du Nigeria.  

Objectif de Muhammadu Buhari: définir «les voies et moyens de consolider (leurs) forces». Pour le président nigérian, «cinq ans de présence de cette secte démoniaque sont suffisants». Le chef de l'Etat a annoncé que la lutte contre Boko Haram serait également au centre du prochain sommet de la Commission du lac Tchad qui réunit le Niger, le Tchad, le Cameroun, le Nigeria et le Bénin. 

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