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Nigeria : première journée de grève générale sur fond de violences religieuses

Le président nigérian met en garde son pays contre les risques de guerre civile, alors que les chrétiens sont la cible d'un mouvement islamiste depuis Noël.

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Temps de lecture : 4min
Des habitants de Lagos se préparaient le 8 janvier à la grève générale des travailleurs qui protestent contre la hausse des prix du carburant et pourraient paralyser le pays.  (PIUS ETOMI EKPEI/AFP)

Mobilisation sociale sous haute tension au Nigeria. Au premier jour d'une grève illimitée menée par les syndicats de travailleurs nigérians lundi 9 janvier, un manifestant a été tué lors d'affrontements avec la police à Lagos, la plus grande ville du pays, selon un responsable syndical. Deux autres personnes ont été tuées à Kano, où une trentaine de manifestants ont été blessés, dont 18 par balles. Un couvre-feu nocturne a depuis été imposé dans cette métropole du nord du pays.

Les syndicats demandent au gouvernement de rétablir les subventions sur les prix du carburant, dont la suppression le 1er janvier a entraîné une brusque augmentation des prix de l'essence dans ce pays, qui est le premier producteur de pétrole africain.

Craignant des débordements dans un contexte tendu de violences interreligieuses entre chrétiens et musulmans, la police s'est déployée sur les principaux axes des agglomérations du pays. Des manifestations sont prévues dans plusieurs villes. Près de Lagos, la capitale économique, l'ambiance était plutôt festive lundi dans la matinée avant qu'un manifestant ne soit abattu par la police. A Abuja, la capitale administrative, des milliers de personnes ont défilé dans les rues, brandissant notamment des bannières contre le président  le FMI et contre le président Goodluck Jonathan.

Manifestation au Nigeria (FTVi / APTN)

Un mouvement social contre la hausse du prix du carburant 

"Tout ce que nous voulons, c'est que notre voix soit entendue", a indiqué John Lolawole, secrétaire général d'un des syndicats appelant à la grève, le Trade Union Congress. Dimanche, les stations-services ont été prises d'assaut par les automobilistes, faisant craindre une pénurie de carburant. De nombreux Nigérians ont aussi fait des stocks de nourritures. 

Dans l'espoir de convaincre les syndicats de renoncer à la grève, la chambre basse du Parlement a adopté une motion pour demander au gouvernement de faire marche arrière sur cette augmentation afin de permettre "un dialogue approfondi sur cette question".

Protestations contre la hausse du prix de l'essence le 3 janvier 2012 à Lagos au Nigeria. (AKINTUNDE AKINLEYE / REUTERS)

"Pas de guerre de religion", selon un évêque

Outre les violences sociales, les attentats et les affrontements se sont multipliés après l'expiration mercredi soir d'un ultimatum des islamistes exigeant que les chrétiens quittent le nord du pays, à majorité musulmane. Depuis Noël, six attaques ont visé des chrétiens. Elles ont fait plus de 80 morts. La majorité de ces attentats ont été revendiqués par Boko Haram, qui veut imposer la charia (loi islamique) dans l'ensemble du pays, le plus peuplé d'Afrique avec 160 millions d'habitants. 

Lundi, l'archevêque catholique de Lagos, Anthony Olobunmi Okogie, a tenté d'apaiser la situation en affirmant que ces heurts étaient de nature politique et non religieuse. "Il n'y a pas de guerre de religion mais une féroce persécution qui trouve ses sources dans des ambitions de pouvoir et des causes économiques", a déclaré le prélat, qui a dénoncé la pression d' "énormes intérêts économiques" pour "déstabiliser un pays rendu appétissant du fait de ses ressources pétrolières".

Dimanche, le président nigérian Goodluck Jonathan s'était quant à lui montré alarmiste. "La situation à laquelle nous avons à faire face est pire que la guerre civile [la guerre du Biafra] des années 1960. Durant la guerre civile, nous pouvions savoir et même prévoir d'où venait l'ennemi. Mais le défi auquel nous sommes confrontés aujourd'hui est plus compliqué."

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