Niger : "Chaque jour perdu dans cette négociation favorise les putschistes", estime un spécialiste de la sécurité au Sahel

Les militaires putschistes veulent poursuivre le président nigérien Mohammed Bazoum pour "haute trahison". Jérôme Pigné, spécialiste des questions de sécurité au Sahel, craint une radicalisation de la population face à l'instabilité du pays.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 1 min
Des manifestants à Niamey le 11 août 2023 (- / AFP)

Trois semaines après le coup d'Etat militaire au Nigel, "le contexte est particulièrement volatile, ce n'est pas une bonne nouvelle pour la suite", estime ce lundi 14 août sur franceinfo Jérôme Pigné, président et co-fondateur du réseau de réflexion stratégique sur la sécurité au Sahel.

Les putschistes se sont dits ce dimanche 13 août ouverts à la voie diplomatique, selon une médiation religieuse, avant d'annoncer quelques heures plus tard leur intention de "poursuivre" le président renversé Mohamed Bazoum pour "haute trahison". "On a bien du mal à y comprendre quelque chose", observe Jérôme Pigné, "il y a eu en trois semaines 26 ou 27 communiqués de cette junte : cette fois, c'est une condamnation du président pour haute trahison, on ne comprend pas bien pourquoi".

Une population qui souffre des sanctions

Aujourd'hui, "le président Bazoum tient", explique-t-il, "il est toujours pris en otage mais n'a pas signé sa démission". Selon ce spécialiste, "la junte est acculée au fur et à mesure des négociations", qui font "monter la pression". Jérôme Pigné souligne la dureté des sanctions prises, dont la population "souffre directement". Il y a entre 10 et 30% d'augmentation "sur les denrées de première nécessité", estime-t-il, comme le riz ou le sorgho. Une situation "qui ne sera pas tenable longtemps" et qui risque d'amener à "une forme de radicalisation de la population".

Du côté de la Cédéao, "l'ultimatum de 7 jours portait à croire qu'on se dirigeait vers une intervention militaire rapide pour restaurer l'ordre constitutionnel et remettre le président Bazoum dans ces fonctions. Chaque jour perdu dans cette négociation favorise les putschistes". Jérôme Pigné relativise en revanche le soutien populaire aux militaires, assurant qu'ils "payent aussi les gens dans la rue" pour exprimer un soutien factice, et qu'il "il y a beaucoup de contre-manifestations dans les régions".

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.